Culte – S01E01 – Les Outsiders – 19/20

Rien à redire. Les choix musicaux, les galères de téléphone, Lycos, le bruit de l’ADSL, le walkman… On est en 2001 et c’est génial. La série est mieux que je ne l’envisageais et je sens que je vais la dévorer d’un seul coup tellement c’est bien foutu. Cela fait du bien d’avoir une production française aussi efficace : le concept est bon, les personnages sont rendus aussi attachants que possible et on est lancé dans une course contre la montre qui promet.

Spoilers

Adapter la real-tv en France ? Ce n’est pas gagné car les chaînes sont réfractaires. Et pourtant…


C’est débile ou c’est génial ?

La série commence par un beau bordel : la scène de la piscine directement. Toute la production est sur le pied de guerre parce que Loana et Jean-Edouard sont sur le point de faire, en direct à la télévision, ce qu’ils ne sont pas censés faire devant tant de téléspectateurs. Isabelle (Alexia hum) se précipite vers les studios, sur un scooter conduit par un type qu’elle rappellera plus tard (ah bon ?). Et elle a le portable vissé à l’oreille sous le casque… Genre, c’était déjà possible de faire ça en 2001 ?

Peu importe, c’est une série vous me direz. Et de toute manière, ce n’est jamais qu’une scène pour donner envie de regarder la série, parce qu’on enchaîne ensuite avec un bon flashback des familles. La série commence quatre mois plus tôt, avant la mise en place du Loft. Isabelle y joue aux jeux vidéos avec Karim, mais version 2001. Les looks, les ordinateurs, les télévisions, c’est incroyable comme la nostalgie fait effet.

Bon. La série en profite tout de suite pour faire passer ses messages : Isabelle est rédactrice en cheffe, mais elle ne parvient pas forcément à s’imposer. C’est une femme dans un monde d’homme et on refuse totalement d’aborder les violences sexistes et sexuelles subies par les mannequins. Ben tiens. Tout le monde savait, on le savait déjà, mais la série accuse directement et sans détour. Cela pose en tout cas le cadre.

Et pourquoi la série commence par-là ? Eh bien, Isabelle découvre pour la première fois une cassette avec des extraits de Big Brother. La télé-réalité n’existait pas encore et il faut donc rapidement la nommer – c’est la proposition d’Isabelle qui est retenue parmi d’autres bons choix. Franchement, la série est prenante dès le départ : on voit toutes les réactions de l’équipe de rédaction face au concept et c’est dingue comme ça reproduit exactement ce qu’il se passera plusieurs mois plus tard une fois l’émission lancée en France. Débile ou génial ? Je crois qu’on ne sait toujours pas répondre collectivement en tant que société à cette question. Pourquoi pas les deux, finalement ?

La série ne lance pas tout de suite le loft pour autant. Il faut d’abord introduire ses personnages principaux et ça marche bien : on s’attache bien vite à Isabelle et à Karim, en vrai, ce qui est un parti pris peut-être surprenant parce que je m’attendais à une critique plus vive.

De son côté, Karim se fait recruter par Envoyé spécial et en est très heureux, avec l’espoir de pouvoir quitter l’appartement familial surpeuplé. Isabelle, elle, apprend de Karim qu’elle va se faire virer après avoir balancé un cendrier à la gueule d’un gros porc – c’est du moins ce qu’on en comprend. Dépitée, elle annonce malgré tout à sa famille qu’elle a obtenu une promotion, parce que la pression familiale est terrible sur elle : dyslexique, on attend d’elle l’échec et le retour dans la famille pour bosser avec son père dans un emploi qu’elle qualifie déjà de fictif avant même le scandale des emplois fictifs de Fillon. Eh ben.

En parallèle de tout ça, on nous introduit aussi le personnage de Philippe de la pire manière qui soit : Raphaël, un membre de l’équipe de PPP, passe son temps à le chercher pour le trouver finalement dans un hôtel avec une pute. Il la paie, le met sous la douche et se rend chez lui pour faire sa valise en présence de sa femme, légitimement inquiète. Oh, elle n’en a rien à faire que son mari voit des putes ; mais elle s’inquiète pour l’argent qui ne rentre plus autant qu’avant. Et pour cause ! Il y a juste 40 millions de dette.

Raphaël la rassure : ils ont un RDV à Amsterdam qui va tout changer. En effet, il a bien l’intention de lancer Big Brother en France. Isabelle le comprend et tente de se placer, en vain, parce qu’on lui préfère Xavier. Un mec, évidemment. Elle est dans la merde, concrètement, et elle risque de tout perdre. Il est hors de question que ça arrive alors elle se met aussitôt en tête de faire tomber Xavier. C’est facile : il s’est confié à Karim, qui lui a répété tout ce qu’il savait. Xavier se drogue, a des problèmes dans son couple qui divorce et il est si facile de le pousser à la faute.

Elle décide donc de lui mentir et de lui faire croire que son père a eu souci avec la cocaïne lui aussi. La solution miracle pour le sauver ? Une cure de désintoxication. D’ailleurs, Xavier devrait faire pareil et s’arrêter trois mois. Il la voit venir à des kilomètres et se venge bien simplement sur Karim en n’embauchant plus la productrice d’Envoyé spécial qui lui laissait son poste. Et maintenant, ça laisse Isabelle dans la merde avec Karim. Reste à voir comment elle va se placer – ce qui est bien, c’est qu’on sait qu’elle va réussir. En attendant, Raphaël négocie agressivement pour avoir la possibilité de diffuser Big Brother en France, avec M6. TF1 a déjà refusé… mais Philippe sent qu’il est possible de les faire craquer quand même. Il force donc Raphaël et le producteur de Big Brother à attendre.

Cela laisse le temps à Isabelle de se placer comme elle l’espère : elle négocie avec Xavier et prend une décision sacrément risquée. Elle décide de se faire accuser à sa place de possession de cocaïne de manière à lui permettre de ne pas avoir de casserole pour son divorce. En échange, elle obtient la possibilité d’être productrice sur Big Brother. Cela fonctionne si bien.

Elle rentre chez elle et tombe dans l’ascenseur sur Guillermo, qui bosse chez i-télé, est plutôt mignon et avec qui elle couche bien vite, mais télévision allumée. Dérangeant quand on pense qu’elle est inspirée d’une vraie personne, mais bon. C’est comme ça. Pendant qu’elle prend du bon temps puis analyse tout ce qu’il se passe à la télévision pour comprendre comment fonctionne l’audience (la masse comme dirait sa mère), Philippe se rend compte qu’il a fait le mauvais choix : le patron de TF1 avec qui il est pote refuse de prendre la télé-réalité. Et pour cause : le patron de M6 est venu lui rendre visite pour s’arranger. Leur but commun est d’empêcher l’arrivée de cette « merde démoniaque » qu’est la télé-réalité. Eh ben. On peut dire que l’ensemble a foiré, parce que M6 tente de bloquer aussi l’arrivée de Koh-Lanta au passage.

C’est fou comme 2000/2001 a marqué un tournant dans le paysage audio-visuel et comme on a vite oublié la révolution que ça représentait. C’est bien d’en faire une série, ma foi. Tout ça laisse tout de même Raphaël et Philippe bien dans la merde. D’accord, Raphaël a une jolie vue sur la Tour Eiffel, mais ça ne fait pas tout : ils sont ruinés.

Par chance, ils ont Isabelle dans leur équipe. Le lendemain, elle apprend l’échec des négociations et se fait virer de la pièce par Philippe. Seulement voilà, elle a regardé une sitcom la veille et elle a une idée de génie pour relancer les négociations : plutôt que de proposer Big Brother, PPP peut produire Big Sister. Le concept de base est le même, mais il y a un twist : faire gagner non pas un, mais deux candidats. Un couple. Et tout est dans l’optique de trouver l’amour, ce qui change absolument tout le concept et retire une grande partie du glauque de l’émission d’origine.

Voilà donc pourquoi on n’a jamais eu Big Brother en France. En vrai, cette idée absolument géniale a changé l’Histoire de la télévision, rien que ça, car ça a été un succès monumental derrière. Mis en scène comme ça, c’est à devenir fou : la France aurait pu passer à côté, ça ne s’est joué à rien. Suite à cette idée d’Isabelle, Raphaël et Philippe rappelle M6 pour tenter d’obtenir un vrai contrat. Isabelle en profite évidemment pour se placer et devenir cheffe de projet, servant de toute manière de fusible en cas d’échec. M6 négocie au rabais les prix de production, la production s’arrange pour obtenir de l’argent en cas de succès et tout est prêt à être signé. Tout ? Non, M6 a peur que TF1 les grille en lançant Survivor avant eux et ils ne veulent pas laisser passer une telle opportunité.

Isabelle se retrouve donc à devoir monter l’émission en quatre mois, à partir de rien. C’est assez improbable et incroyable que ça puisse se faire. Il faut donc passer au casting pour l’épisode 2, avec un cliffhanger incroyablement bien pensé : Loana qui danse sur Who’s that girl dans un club de striptease. Joli coup.

C’est top comme début de série. Il y a plein de choses que je n’ai pas eu le temps d’évoquer dans la critique, aussi : j’adore le côté rétro et le coup de vieux que me donne la série (le coup du téléphone autour du cou ou de la batterie déchargée, le bruit de l’ADSL !) ; j’aime bien le fait qu’Isabelle soit si attachante ne serait-ce qu’avec cette histoire de cendrier jeté à la tête du dir’ com’ de TF1 qui fait d’elle une Cendrillon des temps (pas si) modernes. Simple et efficace.

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