C’est un dernier épisode qui est très bien pour conclure une saison, mais qui souffre tout de même de la marche forcée à laquelle on le soumet : tout va très vite, trop vite, ce qui donne l’impression que cela a été écrit sans laisser le temps de développer les personnages. Une autre impression est que la rapidité permet de réduire certains coûts de création. Bref, ça donne un épisode sympa, mais pas leur meilleur, parce qu’il y avait quelques petits moments décevants tout de même.
Spoilers
Kevin demande l’aide de Cassandra pour retrouver le bout de carte qui manque.
Oh no, I’ve revealed the secret entrance to the Fortress of Darkness !
Badaboum, c’est déjà le dernier épisode et il ne dure que trente minutes ? Je m’attendais à ce qu’il soit plus long pour tout conclure, mais rien que la durée permet de savoir qu’il ne conclura pas tout. Espérons une saison 2. Enfin, avant d’en arriver là, il faut peut-être déjà écrire la critique de cet épisode, hein.
Vers la Forteresse
Bittelig essaie de sympathiser avec le géant en compatissant avec lui sur les problèmes que rencontrent les grandes personnes, mais c’est simplement pour introduire l’épisode de manière comique. Une fois que c’est fait, on ne perd pas de temps, avec un géant qui emmène aussitôt nos bandits vers la Forteresse des méchants pour que le grand méchant puisse libérer les parents de Kevin. C’est top, il est facile à convaincre et ça tombe bien parce que l’épisode n’a que trente minutes pour tout conclure.
Trente minutes, ça reste un peu long tout de même : les scénaristes ont ainsi le temps de faire une scène où Kevin paraît bien naïf à espérer que le grand méchant accepte de libérer les parents juste parce qu’il verra que Saffron et Kevin les aiment. C’est une scène juste pour dire qu’il y a un voyage à faire, hein, parce que c’est ultra rapide, en vrai.
Dans le même genre, après huit épisodes à chercher Gavin partout et à le mentionner à chaque fois, Pénélope se retrouve à lui dire au revoir et c’est super rapide : il est bien moins affecté qu’elle, parce qu’il a déjà fait son deuil de sa relation, lui. Et Susan est là, mais tout le monde s’en fout, Pénélope a raison : les autres bandits ne lui adressent même pas la parole. Quelques épisodes de plus – ou au moins quelques minutes – auraient été bienvenues, tout de même.
Au lieu de ça, on avance à toute vitesse vers la scène suivante qui voit nos héros trouver l’entrée de la forteresse, se trouvant au milieu d’une activité volcanique assez impressionnante. Il y a plein de lave partout. L’entrée est secrète, mais les méchants ont bien l’intention de la révéler pour récupérer au plus vite la carte. Il y a tout de même un hic : les bandits ont accepté de mener Kevin et Saffron jusqu’aux portes de la forteresse, mais pas plus loin. Il faut donc se dire au revoir.
Kevin galère un peu à récupérer la carte auprès de Widgit, il a eu l’espoir de voir ses amis le suivre, en vain, et hop, on peut enchaîner. Vraiment, j’ai eu l’impression que l’épisode allait à toute vitesse, mais c’est peut-être pour réduire les coûts de postprod avec les décors en 3D à payer. On sait que ça coûte de l’argent pour être bien fait, parce qu’Evil n’a pas réussi à bien les faire dans son épisode final…
Bref. Kevin et Saffron entrent dans la Forteresse et… tombent. Widgit m’a fait rire à s’inquiéter pour la carte.
La Forteresse
Kevin se réveille alors dans sa chambre d’enfant. Ses parents viennent s’occuper de lui et le rassurer après son mauvais rêve. Mauvais rêve ? C’est assez facile d’y croire, parce qu’il a plein de jouets dans sa chambre qui évoquent les aventures qu’il vient de vivre avec les bandits. J’ai aimé cette mise en scène qui donne envie de rêver d’aventures comme si on était enfants nous aussi… mais ça ne dure évidemment pas trop longtemps.
Kevin comprend bien vite que ses parents sont en fait des démons uniquement intéressés par la carte, et ça lui permet de mettre fin à l’illusion très rapidement. Après tout, l’épisode fait toujours 30 minutes, et avec le générique svp. Kevin retrouve ainsi Saffron, puis rencontre le grand méchant. Le frère et la sœur voient aussi les parents, toujours en vie. C’est déjà ça.
Les parents assurent qu’ils ne sont pas si maltraités et que le grand méchant n’est pas si méchant que ça, et c’est plutôt drôle à voir.
Pénélope débarque alors pour aider Kevin et Saff… ou juste parce que Fianna les a capturés, enfin. J’avais oublié qu’elle était dans l’équation, elle, tiens. Cela m’a fait rire de voir le grand méchant lui reprocher d’avoir ralenti les bandits, parce que c’est ce qu’il s’est passé. Tout ça permet en tout cas de venir au bout de de l’intrigue Fianna/Widgit, bien rapidement. Vraiment, il aurait fallu plus d’épisodes pour développer chaque personnage. Un très bon point pour la série, en revanche, est qu’elle ne nous accable pas de flashbacks. Et j’aime ça.
J’aime aussi le retournement de situation suivant : il est révélé que le grand méchant est incapable de récupérer la carte par lui-même. Il ne peut la voler : il ne peut la toucher que si quelqu’un lui en fait le cadeau, la lui donne réellement. C’est con pour lui, mais c’est un rebondissement que je trouve amusant. Il reste toutefois le problème que Kevin est peut-être un agent double pour l’Être supérieur… et surtout que les bandits sont un peu stupides quand ils s’y mettent.
Chacun se laisse donc tenter et séduire par le Mal : le grand méchant offre une vision du futur à chaque personnage. Alto serait ainsi un grand acteur adoré de tous, Widgit serait utile à la société, Bittelig… est heureux dans le présent et c’est ce qu’il voit dans le futur pour lui. Pénélope remarque ça pose problème : comment peuvent-ils avoir un futur idéal s’ils sont déjà tous dans le futur idéal de Bittelig ?
C’est presque logique, alors que ça ne l’est pas, mais ça n’empêche pas le grand méchant de lui proposer un futur merveilleux avec Gavin et des enfants. Le truc, c’est que ce n’est pas si merveilleux pour elle : elle sait désormais que Gavin ne l’aime pas et n’est absolument pas convaincue par ce futur. Tout ça n’arrive toujours pas à convaincre Kevin et Saffron de renoncer à la carte et de la donner au Grand Méchant. Après tout, il veut torturer l’humanité s’ils lui donnent la carte. Pourtant, ce n’est pas le pire plan : le Grand Méchant révèle que l’Être Supérieur, lui, veut la carte pour détruire le monde.
L’Être Suprême
Comme Kevin ne lui donne toujours pas la carte, le Grand Méchant commence à torturer ceux que Kevin aime le plus. Ce n’est pas ses parents, évidemment (j’ai ri quand même), ce sont les bandits et Saffron. C’est un peu surprenant pour Saffron, tout de même. La torture est de courte durée : l’Être Suprême débarque à son tour dans la Forteresse. Le duel qui s’ensuit entre le Grand Méchant et l’Être Suprême est top.
Kevin est en position de force avec la carte. Il s’arrange pour être débarrassé de Fianna (qui veut reprendre contact avec Widgit, bien sûr) et renvoyer ses parents chez eux – ils n’ont pas l’air si ravi (mais j’ai adoré que Saffron défende son frère !)… Malgré tout, Kevin n’a toujours pas envie de donner la carte, ni au Grand Méchant, ni à l’Être Suprême. Il faut dire que les propositions ne sont pas alléchantes. Pourtant, Kevin finit par faire un choix : il a sauvé ses parents, et c’est tout ce qui compte pour lui. Il donne finalement la carte au Grand Méchant. En vrai, c’est la meilleure solution pour gagner du temps – et assister à un très joli feu d’artifice. Les bandits s’enfuient tandis que les deux grands antagonistes s’affrontent (mais l’Être Supérieur n’a pas de pouvoir dans la Forteresse donc…), et Kevin révèle alors qu’il a en fait échangé avec Saffron la boîte contenant la carte.
Le Grand Méchant est frustré de ne pas avoir la carte, l’Être Supérieur promet qu’il reviendra (cela dit, y aura-t-il une saison 2 ?) mais le vrai cliffhanger est ailleurs : quand Widgit ouvre la boîte pour retrouver la carte et alors que Pénélope réfléchit déjà à comment s’en servir pour la suite il est révélé que la carte contenue dans la boîte est désormais vierge de tout contenu… C’est un grand drama pour nos voleurs. La seule piste que nous avons est celle des agents de l’Être Supérieur que nous n’avons pas vus durant cet épisode (pas plus que nous n’avons Judy).

EN BREF
La série marque de très bons points avec cette saison 1 qui instaure son univers, son rythme très particulier et son humour auquel il faut adhérer. Comme souvent avec Taika Waititi, j’ai l’impression que ça passe ou ça casse : soit on accroche, soit on est épuisé par la lourdeur du résultat. De mon côté, il me faut un peu de temps pour rentrer dedans, mais une fois que j’y suis, j’apprécie vraiment le résultat.
La longueur aléatoire des épisodes et la diffusion par deux, ce n’était pas la meilleure des idées pour me convaincre à 100%, mais tout de même, la série a réussi à être originale (bon, c’est un reboot de film, je sais), à ne pas imposer de flashbacks et à proposer une vraie intrigue suivie… Je sais que ça pourrait être des critères de base, mais en 2024, c’est déjà un petit miracle.
Tout cela me fait penser qu’il n’y aura pas de saison 2. Oh, elle est déjà en cours d’écriture, mais elle n’a pas été officiellement annoncée, ce qui signifie que la série n’est pas encore renouvelée. J’ai tendance à être pessimiste sur l’avenir des séries désormais. En plus, le fait qu’elle ne soit pas annoncée rendra difficile une diffusion pour l’été prochain, alors on retombe dans le travers que je ne supporte pas d’une attente interminable entre les saisons. Sachant qu’il n’y a eu que dix épisodes et cinq semaines de diffusion, une attente de plus d’un an fait qu’une grosse partie de la saison sera oubliée d’ici la saison 2.
Sincèrement, c’était une bonne série, mais je ne sais pas si elle est si marquante que ça. L’avenir me le dira, je suppose.




