Life in plastic ? Barbie’s fantastic !

Salut les cinéphiles,

Cette semaine, j’ai été confronté à un dilemme cinématographique : Barbie ou Oppenheimer ? Deux films aux antipodes l’un de l’autre, l’un nous plongeant dans l’univers rose et pailleté de la poupée la plus célèbre du monde, l’autre nous invitant à explorer les méandres sombres et complexes de la création de la bombe atomique. Mon cœur penchait pour Barbie, attiré par une campagne de communication brillamment menée qui a su éveiller ma curiosité.

Ma solution ? Voir les deux, bien sûr ! Initialement, Barbie devait ouvrir le bal dès mardi soir, mais suite à un contretemps, je n’ai pas pu me rendre à l’avant-première dans les délais. C’est donc finalement Oppenheimer qui a eu l’honneur de ma première séance de cinéma de la semaine, et de mon premier article disponible juste ici. Le lendemain, j’ai eu le plaisir de voir Barbie, un film qui m’a réconcilié avec le cinéma après les défauts du film de Nolan. Pas besoin de se demander où étaient les femmes avec Barbie, au moins !

Un monde parfait

Dans ce film, Barbie est une poupée humaine qui vit dans un monde parfait : Barbieland. Cependant, elle se retrouve dans notre monde réel après une suite d’événements, et elle y découvre qu’être unique et authentique est plus important que la perfection.

Il faut savoir que s’il était impossible de passer à côté du phénomène Barbie et de ses nombreuses opérations com, j’avais réussi à être très peu spoilé sur le film : de la bande-annonce, je ne connaissais que le plan déjà culte des pieds de Margot Robbie quittant les chaussures à talon pour rester sur des pointes, et du film, je ne connaissais que les affiches présentant Margot Robbie et Ryan Gosling. Quel plaisir de découvrir totalement le film ! Si je le dis autrement : je ne savais même pas qu’America Ferrara était au casting alors que j’adore l’actrice, j’ai donc eu mon lot de bonnes surprises très rapidement !

Barbieland m’a tout de suite enchanté, dès le début du film. On sent le détail apporté aux costumes (purée, ils sont incroyables, tous, ça donne envie de refaire sa garde-robe pour l’été… mais bon, j’ai tenté de faire les soldes pour la dernière démarque aujourd’hui, et wow, la surconsommation et les prix excessifs, ça calme), mais aussi aux décors. J’adore la manière dont les maisons ressemblent à de vraies maisons de poupées : il y a plein de détails pour nous rappeler qu’on est dans un monde de jouets ; avec des pièces minuscules, des maisons disproportionnées ou des décors en papier-peint.

Non, vraiment, on est dans un monde parfait et d’illusion peu réaliste, mais ça participe à créer une ambiance unique pour le film. J’ai lu qu’ils avaient beaucoup joué sur les proportions et les lumières, et ça ne m’étonne absolument pas. C’est une bonne idée pour donner l’impression de suivre une Barbie qui évolue dans un univers qu’on connaît – parce qu’on connaît tous l’univers de Barbie. Enfin, tous. J’avais deux grandes sœurs, difficile d’y couper !

Une construction réussie

Le film propose une structure narrative assez commune pour un voyage initiatique de ce genre, mais je n’aurais pas forcément aimé qu’il s’aventure vers autre chose. Là, on passe un vrai bon moment sans se prendre trop la tête car on devine les étapes très simplement, sans s’ennuyer pour autant.  L’idée d’une narratrice (on n’a jamais trop su qui elle était) fonctionnait très bien, surtout avec la chanson. La reprise de la chanson le second matin ? Un régal.

Tout le film m’a semblé être une suite de bonnes idées et de moments humoristiques vraiment sympathiques. Le film réussit à sortir totalement du cliché pour entrer dans une histoire originale. Il y a des défauts, bien sûr, mais dans l’ensemble, ça fonctionne tout du long. La BO est géniale – les Spice Girls pour la Weird Barbie (une si bonne idée de l’inclure, on l’a tous connue… surtout que j’étais le petit frère !), c’était si nécessaire et si bien trouvé – même si ça manque d’Aqua (on ne l’a que pendant le générique de fin), les personnages secondaires sont amusants, l’histoire a ses bons moments.

D’ailleurs, le générique de fin est vraiment à regarder, je suis encore en train de maudire, quatre jours après, tous ces idiots qui se sont levés et m’ont empêché de le regarder. Vu l’affluence en salle encore aujourd’hui pour le film (c’est dingue, c’est un raz-de-marée !), je vais attendre la sortie streaming juste pour me revoir le générique de fin. C’est faux, je reverrai probablement le film. J’ai adoré, c’était un petit bonbon acidulé et exactement ce que j’en attendais sans savoir que je l’attendais !

Y avait même de l’émotion, de la vraie, avec le personnage d’America Ferrera. Pour moi, c’est celle qui vole le film par surprise, parce que son personnage est super touchant (spoiler, mais le moment de la révélation que ce sont ses états d’âme qui affectent Barbie était grandiose) et a les meilleures répliques. On lui regrette juste de ne pas avoir une meilleure conclusion, mais c’est bien que son couple ne soit pas du tout au cœur du scénario et qu’elle existe en dehors de celui-ci. Bref, malgré une structure classique, le film s’évite des écueils !

Un casting brillant

Margot Robbie est une actrice incroyable, ce n’est plus à prouver. Même si je n’ai pas vu Harley Quinn (et si, c’est possible), je suis fan de son jeu, rien que pour sa performance incroyable dans Babylon (pour moi, elle a sauvé ce film qui n’a finalement rien marqué du tout avec le recul de quelques mois). Une fois encore, elle signe avec Barbie une prestation quasi sans fausse note. Quasi ?

La seule est volontaire car souligné par le scénario du film : non, ce n’est pas une bonne idée de caster Margot Robbie pour dire qu’elle se trouve moche et imparfaite. On sent que l’actrice s’éclate dans son rôle de Barbie stéréotypée et qu’elle aime être là pour passer son message.

Dans le même genre, Ryan Gosling s’amuse tout au long du film avec le personnage de Ken. Je suis beaucoup plus mitigé sur le personnage en lui-même, j’y reviendrai, mais l’acteur est génial. Malgré ce duo iconique, une autre tire évidemment son épingle du jeu : c’est finalement America Ferrara qui a les moments les plus marquants du film. Son discours sur ce que c’est d’être une femme en 2023 ? C’était poignant et incroyable dès la première fois, parce que la carte utilisée est celle de l’humour, mais d’un humour grinçant, qui dérange en tant que spectateur. L’actrice est géniale. Cela me donne envie de me remettre à Superstore parce que je n’ai jamais terminé la série…

Enfin, les autres personnages apportaient tous quelque chose, vraiment ; à part peut-être les Barbie et Ken sirènes… Mais franchement, toutes les poupées Barbie m’ont fait rire, les Ken étaient sympathiques (même si, bien sûr, j’ai eu mon préféré, sinon ce ne serait pas drôle), les humains apportaient une touche d’humour supplémentaire et (spoiler) même la mamie m’a intrigué juste ce qu’il fallait. Cela fonctionnait bien dans l’ensemble. Après, c’est sûr que j’ai eu plus de mal avec l’intrigue (et l’omniprésence) des Ken…

Un message ambigu

Le film est vendu comme étant là pour transmettre un message sur l’authenticité et l’unicité dans un monde de stéréotype, mais je ne suis pas sûr de l’interpréter comme cela. Barbie fait toute une quête initiatique pour en arriver à la conclusion qu’elle a envie de ne plus être un stéréotype et d’être humaine. Je comprends donc bien la scène finale qui nous prouve à quel point elle est humaine désormais, avec un gag final réussi… mais en même temps, ce gag m’a un peu dérangé suite aux discours d’America Ferrara. Finalement, Barbie se frotte à un monde où le patriarcat domine et elle ne change pas les choses, ce qui est un peu triste, surtout que ce gag final ne fait rien d’autre que l’objectifier une fois de plus en renvoyant à l’entre-jambe de la poupée devenu vagin… Je ne sais pas, ça m’a fait bizarre de finir là-dessus : oui, elle n’est plus un objet, mais eh, on la sexualise de nouveau ?

À l’inverse, Barbieland se masculinise un peu en fin de film, avec une place plus grande accordée aux Ken qui découvrent ce qu’ils veulent… Et je ne sais pas quoi penser du message final que ça nous laisse. Entre Allan qui a priori reste coincé là-bas malgré ses souffrances et Ken qui prend un temps d’écran incroyable à Barbie, est-ce qu’on est vraiment dans du Girl Power ou encore dans un film avec les mecs qui tirent tout à eux ? Bien sûr que c’est le message de nous faire comprendre que les hommes – et le patriarcat – prennent toute la place, mais même quand on en arrive à la conclusion du film, je trouve que Ken prend trop de place. Ceci étant dit, je suis fan de sa garde-robe et j’ai tellement envie de m’acheter certains articles (ce pull final est incroyable).

Il n’empêche que je n’ai rien compris à la bataille des Ken à la fin. Le plan de base des Barbie – les retourner les uns contre les autres – est excellent et est une très bonne idée, surtout quand on sort d’Oppenheimer où on voit bien jusqu’où va le ridicule des hommes et des concours de taille de b…ombes – mais finalement, elles passent d’un Ken à l’autre sans qu’on ne suive une logique, puis les Ken se retrouvent en deux camps sans qu’on ne sache trop ce qu’ils représentent. J’imagine que le flou est volontaire… mais ça mène à une scène où on ne comprend pas pourquoi ils se battent, ni pourquoi ils arrêtent de se battre, ni pourquoi il n’y a finalement que Ryan Gosling qui est en pleine crise existentielle à la fin.

Et surtout, tout ça prend un temps d’écran fou, au détriment de l’évolution de Barbie qui semble comprendre beaucoup plus vite où est sa place en dehors de sa boîte. Pour un film qui s’appelle Barbie, on passe beaucoup de temps avec ce Ken égocentrique et détestable malgré lui – tout en étant adorable.

Concernant les messages problématiques qu’il me reste à la sortie du film, il est difficile de ne pas parler également… d’Allan. Ouais, il est totalement oublié à la fin, et c’est très bien comme ça puisqu’on est là pour Barbie, mais comme il a été intégré au scénario… Ben, j’ai des questions.

Que représentait-il au juste ? J’ai eu l’impression d’un mauvais cliché des années 90 de personnage homosexuel parfois… sans que ça ne soit assumé, parce que les LGBT n’existent pas réellement dans ce film. C’est un peu dérangeant de nous vendre un Mattel de plus en plus ouvert d’esprit avec ce film, tout en nous montrant des personnages stéréotypés et macho à la direction de Mattel et aucun personnage LGBT. Je sais, je sais, j’en demande beaucoup alors que Barbie est une marque incroyablement ouverte d’esprit depuis des décennies… mais la représentation est importante ; le film le rappelle et j’ai trouvé que ça manquait. L’agenda LGBT, tout ça, tout ça…

En bref

Je recommande chaudement ce film ! Il est vraiment à voir pour se faire son avis, mais aussi pour les performances des acteurs, pour l’humour (incroyable de voir toutes les poupées que Mattel a pu mettre en vente) et pour le scénario qui est super bien écrit. Les dialogues sont savoureux, il y a de vrais bons moments (j’aurais aimé revoir la mère d’élève à l’école !) et des échanges franchement réussis… avec même certaines répliques et tournures de phrases qui me rappelaient des épisodes de Buffy. Vous ne pensiez tout de même pas que j’allais finir l’article sans en parler au moins une fois ?

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