Salut les cinéphiles,
Encore une semaine où je vais plus parler de films que de séries sur le blog, avec en prime aucun épisode de la franchise NCIS à me mettre sous la dent pendant mes trajets en train. C’est un mal pour un bien : j’ai fait le plein de copies, et c’est loin d’être terminé pour les semaines à venir. Bref. Ce n’est pas le sujet, hein, je suis plutôt ici pour évoquer à nouveau un film coup de cœur. Et dans le genre improbable, celui-ci se place là : il s’agit d’un film bolivien datant de 2019. Et c’est l’adaptation en film d’une pièce de théâtre inspirée d’une histoire vraie déprimante, avec en plus la particularité que le film nous montre des répétitions pour la pièce et des extraits de la pièce de théâtre. Et c’est en espagnol sans sous-titres français dispos.
Bon, maintenant que vous avez tous pris la fuite, je peux déverser tout mon amour pour ce film LGBT, parce qu’il a vachement parlé au littéraire en moi. Le synopsis du film va encore faire fuir certains d’entre vous : il nous raconte le cheminement d’un père pour comprendre son fils, Gabriel, mort juste avant le début du film. Pour se faire, le père, Jorge, va quitter la Bolivie pour se rendre à New-York où il rencontrera Sebastian – et pas besoin de vous faire un dessin pour que vous compreniez qui était Sebastian pour Gabriel.
Je m’attendais à un film tout classique, et ce fut loin d’être le cas. C’est peut-être parce que j’ai vu le film sans sous-titres et qu’il a fallu que je m’accroche vraiment à chaque mot, mais la première scène était bouleversante et, de là, j’étais pleinement plongé dans cette histoire. Je trouve l’angle vraiment intéressant, avec un père qui accepte finalement beaucoup de choses pour comprendre son fils et espérer gérer la part de culpabilité énorme qu’il ressent.
Beaucoup de choses, donc, et même un peu trop par moments. Il y a des scènes qui manquaient de crédibilité, c’est vrai, mais une fois à la fin du film, on en comprend l’intérêt. Et en attendant, on découvre une galerie de personnages homosexuels plus ou moins à l’aise avec qui ils sont, avec l’image qu’ils ont face à leurs amis et familles, avec les autres homosexuels. Les personnages mis en avant dans le film ont tous des failles, ils ont tous vécu quelque chose les brisant… et ça marche pour qu’on les aime.
En parallèle de ces personnages que l’on découvre, nous avons donc également une étrange chronologie avec des flashbacks qui s’intercalent pour nous montrer les souvenirs qu’a Sebastian de Gabriel… mais avec un twist là encore. Pour ne jamais remplacer le souvenir de Gabriel, le vrai car c’est une histoire vraie, la décision a été prise de le faire jouer par plusieurs comédiens en même temps au cinéma. Un parti pris que reprend le film : il y a trois acteurs qui se succèdent, parfois au sein d’une même scène, pour jouer le personnage de Gabriel.
C’est déroutant, mais je trouve que ça participe aux messages du film : c’est un film qui parle de deuil, d’acceptation de soi, d’acceptation de l’autre, de temps qui passe, d’art et d’amour. C’est beaucoup pour un seul film, mais ça m’a vraiment scotché au canapé pour toute la durée du film. Alors oui, c’est particulier ces passages du film au théâtre, ces choix faits en coulisses, mais ça fonctionne vraiment. Le film est poétique, il laisse place à l’imagination parfois, et il est déprimant parce qu’inspiré d’une histoire vraie qui est vouée à se répéter encore et encore. À moins qu’une pièce de théâtre n’ouvre le débat et les mentalités…
La pièce a eu un succès fou en Bolivie, ce qui explique l’adaptation en film, et elle a provoqué quelques changements dans la société. Le film est passé encore trop inaperçu, peut-être jugé difficile d’accès… mais franchement, j’espère que ça changera vite. En plus, des boliviens qui aiment le français – oui, le titre « Tu me manques » est le titre VO – ça mérite le détour, non ? J’espère que cette histoire arrivera jusqu’à nos frontières, et le texte théâtral aussi, ce serait pas mal. Ouais, je suis frustré de ne pas pouvoir lire tout ça : le film donne envie de voir la représentation ou, au moins, de lire exactement le texte. Il y a des choses à côté desquelles je suis passé sans sous-titres. C’est la vie.
Regardez ce film si vous le pouvez, vraiment. Depuis, je l’ai revu partiellement avec des sous-titres anglais, et vraiment, il est d’une très belle richesse littéraire et d’une grande beauté pour son histoire. Et puis, les acteurs ont un talent fou, particulièrement en ce qui concerne Sebastian et Jorge, le papa. C’est extrêmement prenant. Et le générique de fin !
PS : et s’il y a des fans de Flash ou Vampire Diaries dans la salle, sachez aussi que Rick Cosnett a un rôle dans ce film. Je ne sais toujours pas ce qu’il fout là, mais il est là et j’ai bien ri de reconnaître un acteur de Quantico dans un film coup de cœur Tout peut arriver !