Épisode 5 – Vichnaya Pamyat – 20/20
Cet épisode est extrêmement satisfaisant comme conclusion de la série : on y voit toutes les pièces d’un puzzle se mettre en place alors qu’on ne savait même pas qu’il y avait puzzle. Du côté de l’Histoire, c’est assez respectueux malgré une dramatisation évidente pour le bien de la fiction. Du côté de la série, c’est une production bien huilée et impeccable qui apporte une bonne fin à l’ensemble de ces cinq épisodes. Si vous ne l’aviez pas encore compris à ce stade, cette série est un must-see.
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Spoilers

I apologized for this unsatisfactory result.
Suis-je vraiment à une heure quinze près ? Il ne me reste qu’un épisode, autant en profiter pour terminer cette saison. Une soirée et puis s’en va, alors que j’avais prévu de n’en voir que deux épisodes max, et alors que j’ai hésité à lancer le second !
Cet épisode revient en arrière à ses débuts, nous plongeant dans la vie avant l’explosion. Je trouve que cette scène d’introduction aurait pu avoir sa place dans le premier épisode, pour que l’impact émotionnel des pertes soit encore plus grand. Douze heures plus tôt, nous assistons donc à la réunion des trois idiots dans le déni du début de saison et ils prennent la décision d’ignorer des ordres… C’est parce qu’ils veulent respecter les quotas intenables imposés par leur hiérarchie qu’ils font un test qu’ils n’auraient pas dû faire et qui va foirer ; espérant ainsi obtenir une promotion.
Bon, OK, je comprends un peu mieux l’idée des russes de faire une série pour accuser les américains, parce que les américains ne se gênent pas pour rappeler les torts de l’URSS. La série fonctionnant bien en Russie et dans le monde, j’imagine que leur réaction s’explique… Après, la théorie américaine qui fait de l’URSS le responsable de la catastrophe est cohérente, les rapports internationaux parlant bien de personnels inexpérimentés – sans compter les cassettes audios de Legasov, qui avaient soulevé une large part de vérité dans les défaillances ayant eu lieu à Tchernobyl.
Quelques mois après la catastrophe, Legasov s’est donc rendu à Vienne pour « dire la vérité »… et il ne l’a pas fait. Il a expliqué que la catastrophe était due à une erreur humaine, contentant tout le monde par son mensonge : les pays de l’Ouest, qui ont une réponse, et l’URSS qui en fait un héros soviétique. Oui, évidemment qu’il est promu et reçoit des honneurs, comme l’espéraient les trois idiots du début qui sont encore en vie.
Ulana débarque chez lui et est déçue, évidemment, mais elle ne lui reproche rien. Elle veut surtout lui montrer qu’elle est persistante et qu’elle veut qu’il dise la vérité sur le réacteur défectueux lors du procès qui aura lieu prochainement et auquel il est évidemment invité. Ouep, elle est sûre que la vérité peut éclater s’il y met du sien.
Le procès ? Il s’agit d’attaquer en justice les trois idiots, comme je les appelle car ils ont des noms trop compliqués pour que je les retienne, même s’il s’agit de vrais personnages historiques. La théorie mise en avant par la série, et quelque peu confirmé par les vraies cassettes de Legasov, est donc qu’une suite d’erreurs humaines a provoqué la catastrophe. Boris propose ainsi un discours bien fichu pour les accuser devant tout le monde.
Par tout le monde, j’entends donc les juges, les jurés, la presse, mais aussi un parterre de scientifiques invités. Ce sont ces derniers qu’Ulana espère convaincre. Pourtant, en passant après Boris – qui tousse beaucoup dans cet épisode (inévitablement), il est dur de faire un choix. Les scénaristes avaient un choix à faire aussi ici, puisque le personnage d’Ulana est un personnage fictif… Et elle fait un très bon récit des événements qui se sont produits, flashback à l’appui en plus.
J’aime beaucoup ce choix de la série de tout révéler, et finalement, je comprends la construction qui apporte les réponses à la fin, pour faire un tout cohérent. On découvre donc dans le discours d’Ulana qu’il y a bien eu des erreurs humaines conduisant à un test précipité qui n’aurait pas dû avoir lieu si le management avait été meilleur. Effectivement, donné un travail impossible à un jeune de 25 ans qui n’a pas été informé précisément de ce qu’il doit faire, ça ne paraît pas une idée merveilleuse.
Ulana se concentre toutefois sur les erreurs humaines – les vraies, les confirmées par l’Histoire. Elle laisse alors le soin à Legasov de révéler (ou non) la vérité de la série sur le problème du réacteur 4. Une fois de plus (la dernière ?), le personnage nous fait un petit cours sur le fonctionnement d’un réacteur nucléaire, et c’est une simplification et vulgarisation vraiment bienvenue. Je trouve ça clair et facile à comprendre, quand c’est loin d’être un sujet facile – et c’est d’autant plus impressionnant que ce n’est pas dans ma langue, mince, ça devrait être complexe mais ils rendent ça simple. Qu’est-ce que c’est que cette magie ?
On repart en flashback de la nuit de la catastrophe pour voir ce qu’il s’est passé au moment de l’explosion et c’est effectivement une suite d’erreurs humaines qui apparaît être la vraie coupable ici. C’est un peu facile de charger les trois chefs, néanmoins, et il y en a tout de même un qui prend très cher car son égo est mis en avant : c’est Dyatlov, particulièrement lorsqu’il force Leonid et son supérieur direct à faire monter la température.
De retour au procès, Dyatlov clame son innocence et assure qu’il était aux toilettes au moment des forces, malgré les témoignages disant le contraire. Les juges en profitent pour faire une pause après avoir réaffirmé leur accusation, ce qui permet à Boris de révéler à Legasov que sa santé est en mauvais état, puisqu’il tousse du sang. De son côté, Legasov perd ses cheveux de toute manière.
Lorsque le procès reprend, c’est le cours de Legasov qui redémarre, et c’est tellement bien expliqué dans la série que je ne sais pas trop comment en faire une critique qui expliquerait mieux les choses. J’ai trouvé ça superbement bien écrit, et c’était bien interprété bien sûr. La reconstitution des faits est passionnante, c’est de la révélation d’éléments d’une enquête qu’on n’a pas eu à suivre dans ses moindres détails, mais qui nous fournit les moindres détails de ce qui est arrivé. C’est quand même complétement fou.
Oui, complétement fou, c’est aussi comme ça que je peux caractériser Legasov dans cet épisode : il révèle toute la vérité, et notamment que le bouton AZ-5 qui devait arrêter la réaction nucléaire ne pouvait le faire dans les conditions créées par Dyatlov, parce que le bouton d’arrêt est aussi un détonateur, à cause du graphite. Ainsi, Legasov accuse directement les économies que son gouvernement faisait dans la construction des réacteurs. Il se grille totalement au passage, accusant le gouvernement de mentir et d’avoir des secrets ; et expliquant tranquillement qu’il a aussi menti à Vienne.
Bon, j’imagine que là, on s’éloigne de la vérité historique ; mais en même temps, il me semble qu’on ne connaît pas celle-ci puisque l’URSS s’est bien gardée de tout révéler. Une chose est sûre, Legasov n’a jamais eu les honneurs accordés aux héros de la patrie, alors qu’il était bien censé les recevoir. La vérité a un prix. Il est aussitôt mis en cellule, parce qu’on n’accuse pas le gouvernement sans conséquence, mais il n’est pas tué pour autant. Son témoignage n’est pas reçu par le gouvernement, et il n’est pas diffusé dans la presse non plus.
La punition choisie est simplement d’en faire un homme banal : il reste scientifique, mais il n’a plus le droit de travailler, ni d’avoir des collègues. Bien qu’il couvre Ulana et Boris (qui a insisté pour qu’il finisse son témoignage), il est évident que Legasov ment pour la première fois de la journée. La punition est assez horrible, tout de même : c’est tout son héritage qui est bafoué et distribué à d’autres, bienvenue en URSS.
La conclusion de cette scène est brillante, avec un homme déchu qui repère encore l’ironie de la question qu’on lui pose : « pourquoi se préoccuper de quelque chose qui n’arrivera pas ? ». Ben oui, pourquoi, hein ?
Et la série se termine de la meilleure des manières, et comme toutes les adaptations d’ailleurs, par un retour à la réalité assez tragique avec le sort de chacun des personnages, fait de décès tragiques pour la plupart. C’est un bon check-up historique pour conclure, et ça m’a là aussi collé à mon écran. Comme le reste de la série finalement.

Why worry about something that isn’t going to happen?
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EN BREF – Je n’avais entendu que du bien de cette série avant de me lancer, et je dois dire que je ne vais pas avoir une voix discordante. Je n’aime pas les séries historiques habituellement, mais là, le travail de reconstitution est impressionnant, dans l’ensemble largement véridique (même si j’ai eu peur sur les deux derniers épisodes) et cinq épisodes permettent bien de faire le tour de l’ensemble des grosses questions éthiques à poser.
C’est impressionnant, d’ailleurs : la série parvient à révéler une page de l’Histoire avec beaucoup de détails tout en ayant un message à porter sur l’humanité en général et sur l’actualité, avec les dangers que représentent les fausses informations quand elles sont trop répétées. C’est par là que s’ouvre la série et le message me paraît assez clair.
En termes de construction, la saison se tient bien, même si son épisode 4 est un peu moins prenant par les détours qu’il prend et l’éloignement inévitable qui s’opère avec la catastrophe. Cependant, même là, il y a encore du travail pour maintenir l’intérêt, et ça fonctionne. C’est donc une série marquante par son intrigue, par la qualité de ses images et par la réflexion qu’elle propose.
Définitivement, c’était hyper prenant, parce qu’il était quand même plus de quatre heures du matin quand j’ai terminé cet épisode. Oui, bon, vous l’aurez compris, je suis en « vacances » cette semaine et, de toute manière, il pleuvait des cordes, alors je n’aurais pas dormi, hein. Pfiou. Cela faisait vraiment longtemps que je n’avais pas terminé une série si tard ; je me suis laissé complétement embarquer et j’en ai perdu toute raison. Et c’est très bien comme ça, ça prouve à quel point elle était passionnante : je n’ai pas décroché de mon écran pendant les cinq épisodes – quasiment six heures. C’est… mal ?
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