Épisode 4 – Gently Falling Rain – 16/20
C’est un épisode d’excellente facture, comme toujours, mais cette fois-ci, je trouve que la série va peut-être un peu trop loin dans la géopolitique et dans la trahison de ce qu’elle a pu être par le passé. Si j’ai beaucoup aimé l’intrigue proposée, les avancées proposées me paraissent un peu trop artificielles ou regrettables pour vraiment les approuver. Enfin, le timing d’une partie de l’épisode passe mal aussi avec l’actualité, mais ça, ils n’y sont pour rien après deux ans d’attente dans la diffusion de cet épisode.
Spoilers
Le traité de paix avec les Krill est sur le point d’être signé ; mais l’élection du prochain Chancelier Suprême de la planète est sur le point d’avoir lieu, elle aussi.
Most men who lose their heads tend to die, yes.
C’est en train de devenir un vrai petit rituel, je me pose dans mon canapé en ce dimanche pour découvrir le nouvel épisode d’une série en train de s’imposer comme l’une de mes préférées en ce moment où je ne regarde plus rien. Et pourtant, c’est un sale temps pour The Orville puisque l’épisode commence à nouveau par un hommage, cette fois-ci à Lisa Banes, décédée l’été dernier dans un accident – un scooter l’ayant renversée.
Après cet hommage nous découvrons que les Krill sont mieux organisés politiquement que ce que l’on pensait : nous assistons à un meeting politique d’extrême droite, grosso-modo. Oui, oui, il y a des extrêmes dans la politique Krill : la femme Krill qui parle n’est pas ravie par les décisions récentes de son gouvernement de faire une alliance avec l’Union et possiblement de ratifier un traité de paix les empêchant de conquérir des planètes ou les forçant à protéger des mondes qui ne sont pas les leurs.
Bref, finalement, on a beau être dans une autre galaxie, les Krill sont des extrémistes religieux et conservateurs avec des discours dignes de nos politiques. Le problème, c’est que pour nos héros, ce meeting est un vrai danger qui couve : la femme Krill souhaite en effet prendre la gouvernance des Krill et faire payer aux responsables de l’alliance avec l’Union leur crime. En sous-texte, il faut donc comprendre que le traité de paix avec les Krill est loin d’être une affaire réglée comme on nous le laissait penser depuis la fin de la saison 2.
C’est bien logique quand on y réfléchit quelques secondes, mais ce n’est pas rassurant pour la suite. La suite de l’épisode, elle, est étonnante aussi, avec une chorale étonnante d’enfants et d’artistes devant la délégation politique chargée de l’Union. Tu m’étonnes que l’extrémiste Krill considère que ses représentants politiques la trahissent.
C’est en tout cas l’occasion pour nous d’en découvrir toujours plus sur les Krill, avec notamment le fait que le soleil soit une malédiction pour eux. Il est moins surprenant de les découvrir si religieux ou si débiles lorsqu’il est question des élections : le Chancelier Suprême Krill est persuadé d’être réélu car son adversaire n’est qu’une extrémiste faisant reposer son discours sur la haine et la paix. Les humains et représentants politiques de l’Union semblent le croire quasi sur parole, alors même que sa parole est flippante et renvoie à notre propre Histoire. Bon, on ne va pas trop les critiquer, il n’y a quasiment que des acteurs que j’aime dans les guests de cet épisode.
Tout ça nous mène à la conclusion que le traité de paix sera finalement signé à Dalakos, la capitale Krill, où le chancelier suprême invite les représentants de l’Union pour y fêter également sa réélection. Oh, ça va être un sacré bordel et on sait à quoi ça va conduire : l’Orville va être dépêché pour assurer la protection d’Halsey et de toute la délégation.
Avant ça, on a tout de même droit à une scène plus sympathique et ludique dans un western étonnant. La salle de simulation de l’Orville sert donc bien à passer de bonnes soirées entre amis, même si j’ai eu du mal à comprendre pourquoi John draguait soudainement Talla – ou pourquoi elle était promue d’ailleurs. Tout ça n’est jamais qu’accessoire par rapport à l’intrigue de l’épisode de toute manière : Kelly et Ed apprennent vite qu’ils sont chargés d’aller chercher la délégation officielle pour la mener sur la planète des Krill.
C’est l’occasion pour eux de rencontrer le président de l’Union – ou juste de se contenter de ne pas être pincé par leur supérieur alors qu’ils étaient en train de boire. Et finalement, l’épisode avance plus vite que je ne le pensais : Ed et Kelly sont mis au courant du problème capital que représente l’extrémiste politique Krill. Et contre toute attente, il s’agit en fait de Teleya. Je ne l’avais pas reconnue.
Cela pose problème pour plein de raisons : Ed est celui qui a laissé Teleya repartir, et désormais, il comprend qu’il a peut-être fait une erreur car Teleya ne fait qu’attiser la haine de l’Union sur sa planète. Halsey semble aussi convaincu que moi que l’élection n’est pas gagnée d’avance pour le Chancelier en titre, et tout ne fait que se complexifier quand Ed explique à Kelly qu’il a remarqué que les informations Krill étaient pleines de fake news et de deepfakes. Franchement, ça promet pour la suite de l’alliance – mais ça laisse aussi la série dans une ambiance un brin trop sérieuse par rapport à ce qu’elle était auparavant. L’humour a vraiment disparu là, et ça explique pourquoi la série a changé de titre au passage.
Bon, et puis, il y a toujours de l’humour, notamment quand Halsey fait remarquer à Ed qu’il avait parfaitement conscience qu’il était ivre lors de leur appel téléphonique de la semaine précédente. L’échange se fait pour nous prouver qu’Halsey est toujours au top de ses capacités pour mener à bien un atterrissage mouvementé sur la planète Krill. Il le fait avec Charlie en co-pilote, et c’est étonnant comme tout de voir que c’est elle qui est envoyée sur la planète plutôt que Gordon. Ce n’est peut-être que moi, mais je m’attendais à d’autres membres de l’Orville à bord du vaisseau de la délégation.
Et en même temps, Charlie est un choix logique pour provoquer la merde dont les scénaristes risquent d’avoir besoin : elle a des idées bien arrêtées et une tendance à les balancer malgré sa hiérarchie. Pourtant, elle semble vraiment ravie d’être sur place et de découvrir la ville… jusqu’à ce que la politique Krill vienne logiquement tout casser : Teleya est élue Chancelière Suprême. Elle gagne l’élection de très peu, mais avant même d’être proclamée, ses ordres sont déjà suivis par l’armée.
Pfiou, à quoi bon être dans une autre galaxie si tout le monde s’y comporte encore pareil qu’au XXIe siècle ? Rapidement, l’ancien Chancelier Suprême est arrêté par les hommes de Teleya pour trahison. C’est aussitôt suivi de l’arrestation d’Ed, Charlie, Halsey, le président de l’Union et la représentante de la planète d’origine de Talla. Pour ne rien arranger, en orbite, l’Orville est attaqué par des vaisseaux Krill qui veulent l’aborder.
Kelly ne tarde pas à lancer l’alerte rouge et tirer les premiers coups contre les vaisseaux Krill qui allaient réussir à l’envahir. Malheureusement, sans nouvelle d’Ed, sa seule option est finalement de fuir face à l’invasion Krill. Ce n’est pas glorieux, mais c’est inévitable : elle y parvient grâce à John et Claire (étrangement absente de l’épisode) qui suivent la directive 21, mais aussi grâce à Gordon qui improvise comme il peut aux manettes du vaisseau.
Pendant ce temps, sur la planète Krill, Teleya assassine l’ex Chancelier Suprême d’un petit coup de poignard parfaitement légal. Ce n’est que le cadet de nos soucis quand le reste de la délégation est toujours en prison et doit faire face à la justice également. En cellule, la délégation commence à s’impatienter et Charlie nous rappelle les enjeux de ce qu’une guerre avec les Krill signifie vis-à-vis des Kaylon.
Par chance, Ed est finalement convoqué par Teleya, alors tout espoir n’est peut-être pas perdu – même si le président de l’Union est toujours retenu prisonnier. Le dialogue avec Teleya n’en est pas moins un dialogue de sourd entre les aspirations politiques de celle-ci et l’espoir increvable d’Ed, qui tente de la raisonner comme il peut, en vain. Il faut dire que selon elle les Krill ont désormais une chance contre les Kaylon grâce à de nouvelles armes.
Ed apprend surtout le décès de l’ancien chancelier et quel idiot il était, si l’on en croit Teleya. La vérité est toutefois que Teleya regrette de devoir tuer Ed : elle ne savait pas qu’il était sur la planète Krill quand elle a annoncé que la délégation serait exécutée, et maintenant, elle se sent un peu conne. Bon, cela dit, elle s’en remet vite : elle ordonne son exécution après lui avoir expliqué son point de vue une fois de plus, puis contacte Kelly pour lui annoncer qu’elle ferait mieux de courir dans les bras d’un autre comme elle a déjà fait par le passé, car elle ne reverra plus Ed.
C’est mal connaître Kelly, qui lance aussitôt une attaque avec l’aide de l’Union – mais alors qu’on nous annonce que la directive 21 aura encore son rôle à jouer, probablement. Comme on ne sait pas bien ce qu’elle est (à moins d’avoir oublié, ce qui est possible aussi), je vais laisser ma critique se concentrer à nouveau sur la planète Krill : Ed y est mystérieusement sauvé par les militaires qui devaient le ramener en cellule pour son exécution.
Rapidement, il est enlevé par d’autres Krill violents qui n’hésitent pas à tuer les gardes, et cette capitale paraît bien peu sécurisée franchement. Cela ne me préparait pas pour autant au décrochage de mâchoire qui allait s’ensuivre : on découvre en effet qu’Ed et Teleya ont eu… un enfant ensemble. Oui, oui, il existe désormais une petite fille mi-Krill, mi-Terrienne. Teleya ne s’est jamais présentée à elle comme sa mère et Ed n’a jamais su qu’elle existait.
Anaya, c’est son nom, est une métis sympathique comme tout, mais j’ai du mal à capter l’âge avancée qu’elle a déjà. Elle est heureuse d’être dans cette maison en tout cas, et elle joue au Rubik’s Cube version Krill. En tout cas, l’existence d’Anaya est paisible, mais elle est surtout un levier politique incroyable : ceux qui l’élèvent ont décidé qu’Ed pourrait tout à fait se servir d’Anaya pour affaiblir la position de Teleya et la convaincre de changer de point de vue sur le traité avec l’Union.
Ce n’est vraiment pas gagné, surtout quand la flotte de l’Union approche dans l’espace. Ed, lui, décide de retourner auprès de Teleya. Entre temps, il a appris qu’elle était celle qui avait décidé de le laisser vivre et s’enfuir. L’épisode nous montre ainsi que Teleya a encore un semblant de cœur pour Ed, mais il tombe aussi super mal du côté de la date de diffusion : Teleya nous explique donc qu’il était impossible pour elle d’avorter car c’était un acte illégal sur sa planète. Ah.
Cela fait serrer les dents quand aux USA la Cour Suprême vient de redonner la possibilité aux États le souhaitant d’interdire l’IVG. Bref, nous, nous sommes dans le passé, Ed vit dans un futur où les Krill sont encore plus sadiques que les américains, à forcer les couples ayant décidé d’avorter d’être confrontés à un hologramme de leur enfant.
L’épisode a toutefois déjà perdu beaucoup de temps : il faut donc avancer bien vite pour en arriver à l’exécution prévue par Teleya de la délégation. Alors qu’elle s’apprête à les poignarder, elle apprend le retour de l’Orville dans le ciel. La bataille spatiale qui s’engage est impressionnante, mais elle n’est pas la seule surprise de l’épisode. En effet, la directive 21 finit par faire son petit effet : John et Claire débarquent sur la planète Krill en étant eux-mêmes des Krill. Bien joué, Claire.
Cela permet à notre duo d’intervenir à temps pour sauver la délégation, même si le président a pris un petit coup de poignard de Teleya. La délégation permet à s’enfuir grâce aux talents de pilotes de Charlie et John. La fuite est ainsi possible et permet à l’Orville comme au reste de la flotte encore non détruit de revenir sur Terre. Les Krill ne poursuivent pas les vaisseaux de l’Union et tout est bien qui finit un peu moins bien, mais pas si mal.
Kelly et Ed peuvent ainsi papoter une fois sur Terre dans un appartement semblable à celui qu’ils avaient, et ils peuvent même se prendre un petit déjeuner loin de la guerre sur le point de venir éclater ailleurs dans la galaxie. Le président de l’Union laisse le choix à Ed de tenter de stopper Teleya en révélant l’existence d’Anaya, mais celle-ci n’étant qu’une enfant de laquelle il se sent déjà proche, Ed décide de… ne pas se servir d’elle.
C’est la meilleure décision, d’autant plus que Teleya continue d’observer sa fille. Tout n’est peut-être pas perdu… mais cet épisode nous ramène quand même plusieurs pas en arrière.