Salut les sériephiles,
Comme chaque semaine, je reviens cette semaine sur un terme ou un concept en rapport avec le monde des séries (mais pas que). Et vous aurez donc compris que je vais parler du Bechdel Test, car je sais qu’il n’est pas assez connu du tout. J’en ai déjà parlé sur le blog même si j’ai tendance à souvent l’éclipser dans mes critiques, parce que je ne m’en sortirais plus si je devais le faire en permanence. J’avoue le faire en général sur les pilots que je regarde et peu nombreux sont les pilots à le passer avec succès, ce qui est toujours bluffant – et pas dans le bon sens du terme.

Bon, en revanche, si j’arrêtais de blablater pour vous expliquer un peu mieux les choses, ce que je dis serait peut-être plus clair !
Alors c’est quoi exactement le Bechdel Test ? C’est un test qui consiste à vérifier les trois points suivants à propos d’une œuvre : 1) l’œuvre présente au moins deux femmes qui 2) ont une conversation entre elles qui 3) ne soit pas à propos d’un personnage masculin. Et si ça paraît totalement absurde, c’est volontaire : le but est de montrer à quel point les œuvres de fiction sont souvent centrées sur le genre masculin et en oublient de développer les femmes (qui en plus, ne s’entendent pas une fois sur deux).

Et ce qui est super dérangeant, c’est qu’un TAS de films, livres ou séries ne passent pas le test, même si ces dernières années, on a généralement au moins un point sur trois. Si c’est un test souvent associé au féminisme, il ne peut toutefois suffire à déceler une œuvre sexiste ou non, car certaines le passent sans problème alors qu’elles sont hyper sexistes. Il n’empêche que ça permet de se faire une idée quand même. Personnellement, quand j’ai découvert son existence (en 2014 seulement dans l’éphémère A to Z, et non, je ne m’étais jamais fait la réflexion avant), je me suis empressé de le tester sur quelques séries (ou épisodes en particulier) et j’étais traumatisé par le nombre de séries n’atteignant même pas 2/3 à ce test.

Bon, après, c’est à nuancer, car je regarde aussi plein de séries qui obtiennent le score maximal dans la majorité de leurs épisodes ; donc ça contraste un peu… mais quand même, ce n’est pas parce que le petit écran s’en sort parfois bien qu’il n’y a pas des progrès à faire dans ce qui devrait être en fait normal.
C’est quoi ce nom ? C’est en fait Alison Bechdel qui a rendu populaire ce test en 1985, en s’inspirant d’une idée de son amie Liz Wallace (c’est pourquoi le test est parfois appelé Bechdel-Wallace) et en l’utilisant dans un comics où deux femmes veulent aller au cinéma, mais rentrent en fait chez elle faute de trouver un film répondant aux trois critères (image ci-contre, donc).
Quelle origine ? L’idée serait venue d’un essai de Virginia Woolf intitulé A Room of One’s Own où elle évoquait le nombre très faible de femmes amies dans tous les livres qu’elle avait lu avant Jane Austen. Et c’est pas faux, quoi.
Et aujourd’hui ? Un peu plus de la moitié des films sortant en salle réussissent le Bechdel Test… Ce qui veut dire qu’un peu moins de la moitié n’est pas fichu de montrer deux femmes parlant d’autres choses que d’un homme. C’est tout à fait fou, et pourtant, c’est le cas !

Du côté des séries que j’ai commencées récemment, Here and Now ou Skam le passent sans problème dès le premier épisode (mais pas dans la scène de ce gif, du coup), Les Bracelets rouges aussi (parce que bon même si Sarah et Nathalie parlent de Côme, ce n’est pas par rapport à une éventuelle relation amoureuse avec… et puis techniquement, on voit Sarah et ses copines). En revanche, Stargate Origins qui se veut féministe avec son héroïne ne marque pas plus d’un point dans son pilot et ne parvient à passer le test que lors de son cinquième épisode (et encore, avec des personnages non nommés). Bon, ce n’est pas comme si SG-1 le passait bien souvent en même temps…

On est donc plutôt sur du 75% avec ces séries, mais c’est biaisé parce que je suis du genre à souvent laisser tomber ou avoir beaucoup de mal avec des séries qui ne le passent pas (coucou The Brave). Enfin, bon, j’ai bien regardé et adoré Altered Carbon qui met pourtant longtemps aussi à le passer, donc ce n’est pas forcément représentatif de la qualité d’une série. C’est une indication, et c’est à prendre comme tel.
Forcément, le test étant de plus en plus populaire depuis une dizaine d’années, les choses tendent à s’améliorer chaque année, mais dans les faits, il y a une vraie inégalité de représentation hommes/femmes dans les œuvres de fiction, et quand on s’en rend enfin compte, c’est juste inexplicable.
