Salut les sériephiles,
Nouvel article explicatif sur les techniques narratives de nos séries aujourd’hui. Je recommence à manquer d’idées pour ces articles, n’hésitez pas à demander s’il y a des termes que vous voulez voir passer à la moulinette du lexique. Je vous rassure, j’ai encore de quoi tenir quelques semaines avec les upfronts qui arrivent (pour savoir ce que c’est que cette bête-là, il faudra repasser sur le blog d’ici deux semaines).
Je m’égare et commence déjà le hors sujet avant même d’avoir expliqué ce dont on va parler aujourd’hui, c’est n’importe quoi, surtout que le fil rouge est un concept que j’utilise dans 90% de mes critiques sans l’avoir jamais expliqué vraiment. Oups, il y a urgence.

Alors c’est quoi exactement un fil rouge ? Comme vous l’aurez deviné à force de lire mes articles si vous ne le saviez pas déjà, le fil rouge est le fil conducteur d’une histoire : en ce qui concerne les séries, il s’agit d’une intrigue qui parcourt l’ensemble de la saison. L’expression désigne ainsi un élément récurrent dans un récit (mais aussi dans une présentation ou dans un article – et le fil rouge de cet article est donc « fil rouge » : malgré mes nombreuses digressions et parenthèses, j’y reviens toujours).

Le plus souvent dans les séries, c’est une intrigue introduite dès le premier épisode et qui court jusqu’à la fin ; mais parfois les séries procèdent autrement. On a déjà parlé des pods d’Agents of S.H.I.E.L.D dans ces articles par exemple et d’autres sont encore plus surprenantes en changeant d’intrigue principale sans crier gare (je pense surtout à Notorious, qui l’avait fait pour tenter de regagner de l’audience).
Bref, le fil rouge est un guide, une trame à suivre. D’ailleurs, l’idée de trame est vraiment la même, parce que le mot désignent aussi bien une intrigue nouée que le fil passant entre les fils tendus d’un métier à tisser… mais bon, je ne suis pas un expert en tissage (et pourtant, dieu sait que je sais broder dans mes articles !).

Quelle origine ? Mystère et boule de gomme les amis ! Elle fait partie de ces expressions qu’on emploie sans trop savoir d’où ça vient. La première trace d’un « fil rouge » en littérature vient de Goethe en 1809 dans Les affinités sélectives. Il dresse alors une métaphore tout en expliquant l’idée de fil rouge comme étant un élément permettant de repérer l’appartenance à un cordage mais dont l’absence rendrait inutilisable ce cordage. Bref, sans fil rouge, une série serait inutilisable ? Dans vos dents les séries procédurales sans fil rouge !
C’est quoi ce nom ? Ben… Je me rends compte que cette fois, j’en ai fait le tour avec l’origine. On notera donc simplement qu’en anglais, ça devrait se dire « red thread » mais que ça ne s’emploie pas vraiment. Par contre, les américains adorent les « red wire » à désactiver pour rendre inutilisable une bombe. Je ne suis pas spécialement sûr que ce soit lié, mais c’est assez marrant pour que je le relève, et puis ça a tendance à faire retomber la pression quand on voit une bombe.

Sinon, ils se prennent moins la tête que nous et parlent de « main theme » ou « common theme » (thème principal/commun). Même idée, pas de prise de tête.
Dans les critiques des sites américains, il est donc question de main plot (intrigue principale) et parfois de subplot (intrigue secondaire), et basta. Sachant que pour rendre le tout encore plus compliqué, le « fil rouge » est souvent traité par la critique comme un… subplot, parce que l’épisode a une intrigue principale (rendant l’épisode unique) et une intrigue secondaire (qui parcourt la saison). Pff. Ils font toujours tout à l’envers ces anglophones !

Et aujourd’hui ? C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes et la majorité des séries l’a bien compris. Ces dernières années, on a vu se multiplier le nombre de fils rouges par série (coucou Quantico, qui revient aujourd’hui d’ailleurs) pour concurrencer les séries du câble s’étendant sur un nombre plus faible d’épisodes et pour s’adapter à la pratique de plus en plus répandue du binge-watching. C’est soit ça…. Soit la forme du procédural qui se distingue principalement par son absence de fil rouge !
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, franchement ?

