J’ai presque envie de mettre la note maximale à l’épisode tant ce retour commence par une véritable masterclass. Rarement un revival n’aura réussi à replonger si vite dans une ambiance tout en mettant la barre un peu plus haut. La qualité est toujours là, la beauté des plans, l’atmosphère de la série d’origine… Franchement, c’est une véritable saison 4 et elle est déjà bien mieux que la 3 parce qu’il n’est plus question de suivre des schémas qui ont fait leur temps. Bref, c’est top pour une reprise. Je suis tout de même curieux de voir ce que proposera la série pour la suite de la saison, en revanche : il manque très clairement cet aspect, je trouve.
Spoilers
Matt ne le sait pas encore, mais c’est la dernière soirée de Daredevil qui commence en début d’épisode.
Not nostalgia. Reverence for the past yet hope for the future.
Joli début de série ce petit générique Marvel Studios et l’ouverture de l’écran très progressive avec ensuite un fondu entre la skyline de la ville et des phares arrière de voitures. On est tout de suite replongé dans l’ambiance de la série d’origine et je suis surpris de constater que la série ne traine pas en besogne. Contrairement à ce que Netflix aurait fait, nous retrouvons immédiatement le trio de personnages que l’on a tous envie de voir interagir dans cette première scène.
Karen, Matt et Foggy sortent d’un restaurant pour se rendre dans un bar, papotant avec nostalgie (ou pas) de ce qu’était Hell’s Kitchen et du départ à la retraite de Cherry, un policier. C’est à son pot de départ qu’ils se rendent, histoire qu’on nous réintroduise un peu à l’univers : Foggy est toujours avocat (mais est célibataire parce qu’il drague une avocate ?) qui défend même des criminels qu’il n’aime pas trop, les super-héros justiciers masqués sont la norme en ville tandis que Karen et Matt se tournent toujours autour.
On ne sait pas exactement combien de temps s’est passé entre les deux saisons. Pour moi, ce fut une éternité. Alors que tout va bien dans ce bar, les choses dérapent bien vite. Foggy reçoit un appel que Matt entend avec ses pouvoirs. Bordel, j’aime déjà les effets que la série ajoutent pour l’utilisation de ses super sens (parce qu’il n’a pas vraiment de pouvoir). L’écran s’élargit pour indiquer le problème, puis se rétrécit pour que Matt entende tout.
Ainsi donc, on apprend que Foggy héberge un certain Benny chez lui, pour le protéger. Seulement Benny l’appelle par crainte d’entendre du bruit en bas de l’immeuble. Inquiet pour lui, Matt décide de mettre son costume de justicier et de se rendre sur place pour lui venir en aide – la petite musique qui va bien, c’est tellement un générique. Malheureusement, tout ça n’est qu’un piège visant à éloigner Matt de ses amis.
Il s’en rend compte un peu trop tard, en entendant un autre appel de Benny à Foggy, histoire que le premier s’excuse. Et il peut : devant le bar du pot de départ de Cherry, Foggy se fait tirer dessus. Le tueur veut clairement laisser Karen en vie à ce stade, parce qu’il n’a aucun mal à tirer sur Foggy et les deux flics qui sortent du bar pour lui venir en aide, mais pas sur elle. S’en suit une scène d’action comme seule Daredevil a toujours su les faire, mais avec des petites nouveautés dans le traitement de l’image, du format de l’écran, de la luminosité.
Bordel. C’est une masterclass, tout simplement. On a parfois un peu de mal à voir exactement qui est qui parmi les fumigènes, mais en même temps, il y a des fumigènes, c’est pour une raison. Matt sauve in extremis Karen en débarquant pour s’en prendre à Dex, qui fait un véritable massacre dans le bar. Tout au long de la baston, Matt prend le temps d’écouter ce que dit Karen à Foggy – parce que dans la rue, elle essaie de contenir l’hémorragie et de garder en vie son ami.
C’est fou comme c’est terriblement efficace comme scène. On reprend l’habitude du travelling, mais avec une focalisation plus forte encore sur les sens de Matt. Et wow, juste wow. Le combat mène petit à petit Matt sur le toit de l’immeuble où il s’attaque à Dex. C’est évidemment lui le type qui a voulu tuer Foggy et prendre sa revanche. La série ne perd pas de temps : elle tue Foggy – ce ne peut pas être une surprise, même si ça l’est. Ils ne savaient pas quoi faire de son personnage en saison 3. Le tuer maintenant, c’est un bon moyen de choquer et de relancer la série.
Bon, ça fait chier en revanche. Matt est traumatisé d’entendre son cœur s’arrêter de battre. Moi aussi à vrai dire. Sans surprise, Daredevil se venge en balançant du toit son ennemi – et pauvre Karen qui entend un corps tomber mais ne sait pas de qui il s’agit avant de se retourner ! Je dis sans surprise, mais il y en a une : Daredevil ne tue pas normalement… sauf que là, la rage était évidente. On parle de Foggy, tout de même. Cherry débarque alors sur le toit et découvre la vraie identité de Daredevil. Matt. La mort de Foggy lui fait trop mal : Matt laisse tomber le masque, littéralement, du haut de l’immeuble. La musique, le générique, wow. Les frissons. C’est un retour incroyable. Dans la rue, en revanche, ce connard de Dex est encore en vie… Au moins, Matt continue de tenir sa promesse.
Le générique m’a semblé un peu plus lent que celui de la série d’origine, mais la première scène de cette série est une telle réussite que je peux tout pardonner. Ce début d’épisode suffit à donner envie de mettre 20/20. C’était beau, prenant, puissant, avec tout de suite des enjeux. Et pourtant, la série nous propose de revenir ensuite un an après la mort de Foggy. Ils ont osé se débarrasser de ce personnage comme ça, c’est fou. Et Daredevil a failli tuer quelqu’un en plus.
Un an après, Matt regrette encore son ami, alors qu’une course politique à la mairie a commencé. Il y a de quoi faire : un petit reportage vidéo nous apprend que Daredevil ne s’est plus montré depuis un an et que ça devient n’importe quoi en ville côté sécurité. Inévitable. Matt se rend tout de même au travail, où il bosse désormais avec l’avocate que Foggy draguait. C’est un jour particulier : c’est celui où Matt doit témoigner contre la personne qui a tué son meilleur ami. En plus de tout, c’est aussi le jour où il retrouve Karen – il semble qu’ils ne se soient pas beaucoup parlé.
Dex a bien survécu et a été arrêté : il a droit à un vrai procès, lors duquel il n’a bien sûr aucun regret ou remord. Et il est condamné à perpétuité. Mouais. Je trouve ça gros et expéditif tout de même : pourquoi s’en prendre à Foggy en particulier ? Qu’est-ce qui l’a mené à agir comme il l’a fait ? On l’avait quitté en train de subir une chirurgie pour survivre et… On le retrouve comme ça ? Et combien de temps après ?
Bref. Le procès : une peine à perpétuité, c’est le minimum. Ce n’est pas le plus gros intérêt cependant : le but est de voir plutôt Matt et Karen pour comprendre ce qu’il en est de leur relation. La perte de Foggy a créé un fossé entre eux, une véritable crevasse terrible de distance, de non-dit, de regret. Ils ne parviennent pas à ne pas se disputer et Karen part bien vite. Oh, elle le fait après avoir demandé à Matt s’il comptait remettre le masque de Daredevil, tout de même. Il lui assure que non car il n’est plus comme ça – il ne s’en sent plus capable.
Pas étonnant, finalement, que Kirsten, sa nouvelle associée, lui tende un piège : elle l’envoie recruter une nouvelle avocate pour le cabinet, Heather, mais celle-ci s’avère en fait être une psychothérapeute. Il a bien besoin de parler après tout, mais le but de Kirsten est plutôt d’organiser un blind date – sans jeu de mots, promis. Et contre toute attente, ça s’avère efficace. Le quiproquo ne tient pas longtemps, mais Heather et Matt parlent un bon moment.
Il faut toutefois travailler : Matt retourne au cabinet, reproche son attitude à Heather, puis retrouve Cherry. Ah, sa retraite se passe bien : il mène à présent des enquêtes pour Matt. Celle du moment ? Elle concerne Fisk, bien évidemment !
Bien sûr, le synopsis promettait un retour de Fisk et il se fait bel et bien dans cet épisode. On commence par retrouver Vanessa qui gère les affaires de son mari d’une main de maîtresse. Il nous manquerait presque un peu de contexte pour savoir où était Fisk exactement – il finissait la saison 3 en prison, mais bon, il s’est baladé un peu depuis dans le MCU. Aujourd’hui, il nous revient sans son caractéristique costume blanc, contrairement à Vanessa.
Il faut à présent nous réintroduire le couple et son fonctionnement. Fisk aime toujours autant s’écouter parler pour convaincre Vanessa qu’il a encore du pouvoir. Oh, c’est le cas et sa simple présence met fin à la réunion de Vanessa et des Cinq familles, mais tout de même. Son vrai retour se joue toutefois ailleurs : en politique. Le soir même, il décide donc de lancer sa campagne pour devenir maire de New-York. Quelle surprise. Matt entend la nouvelle et désespère, évidemment ; mais « Fisk can fix it » est un slogan qui accroche déjà les réseaux sociaux.
Le Caïd lance sa campagne par une allocution télévisée, mais pas que : il faut organiser le combat à présent. Une réunion est l’occasion pour les scénaristes de nous présenter toute son équipe. Cependant, équipe ou pas, réussite politique ou pas, une chose est sûre : Fisk fait le buzz. Quand Matt marche en ville, il entend que tout le monde parle de lui, en bien ou en mal. L’essentiel, c’est qu’on en parle et qu’il occupe l’espace médiatique, je suppose.
En tout cas, il n’est pas surprenant que Matt demande de l’aide à Cherry pour savoir ce qu’il en est : même si Fisk paraît sincère, il n’en reste pas moins qu’il s’agit de Fisk. Il joue évidemment sur l’insécurité pour faire oublier sa capacité à écraser des crânes à mains nues. Cela ne peut suffire à Matt, bien sûr : il décide donc d’aller lui rendre visite et d’en avoir le cœur net.
Les deux ennemis se retrouvent face à face dans un silence factice mais oppressant, mais Fisk accepte immédiatement de parler avec Matt. Les deux reprennent contact avec du small talk assez basique sur Hell’s Kitchen, la perte de poids ou les enfants qu’ils n’ont pas. Fisk ne quitte pas son rôle de bon maire en devenir, mais il interroge surtout Matt sur la disparition de Daredevil. Sans surprise (et cette fois vraiment sans surprise), Matt lui explique que d’avoir failli tuer Poindexter lui a fait perdre le privilège de rester justicier. Il a compris qu’il faisait des dégâts lui aussi en tant que justicier.
Pour ne pas sombrer du mauvais côté de la barrière, il a arrêté d’en être un. Fisk comprend toutefois que Matt a aimé être comme ça, dangereux et sans limite. Il entend donc la menace que lui fait Matt – un pas de travers et il sera là – mais réplique aussi : une fois qu’il sera maire, Fisk s’en prendra aux gens en costume, parce que les justiciers n’ont rien à faire à New-York selon lui.
La série enchaîne sur une scène étonnante : Matt est en rencard avec Heather dans ce qui paraît être le soi-même, mais en fait, pendant ce rencard, Matt entend que Fisk a gagné l’élection de maire. Comment ça la campagne est déjà finie ? Je m’attendais tellement à ce que ce soit l’intrigue de la saison de le voir mener campagne que je suis surpris de le savoir déjà maire. Cette saison va avoir un problème après cet excellent épisode : il n’y a pas tellement d’enjeux sur du long terme pour l’instant.
Retrouver tout le monde fait plaisir, tout de même. La victoire de Fisk ? Il la savoure en expliquant à Vanessa qu’il sait pour Adam (elle le trompe alors ?) et en promettant de ne pas le tuer car il n’est plus comme ça. Il se lance alors dans son premier discours en tant que maire, où il assure aimer New-York alors que, de son côté, Matt embrasse pour la première fois Heather (c’est plutôt elle, en vrai). Il est dégoûté de la victoire de Fisk, mais il semble être le seul à penser ça dans la rue : il y a toute une manifestation populaire et des élans de joie de le voir gagner l’élection. Flippant.
L’épisode se termine sur de jolis plans, avec Fisk dans une lueur de lune bleue et Matt éclairé en rouge. Esthétiquement très beau, mais… vers quoi se dirige-t-on pour la suite ?
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