Épisode 9 – Look for the Light – 15/20
Difficile de ne pas avoir le sentiment qu’une partie de l’épisode est bâclé, parce que tout le dilemme moral du jeu est finalement condensé sur le dernier acte et que l’action est beaucoup mise de côté pour y parvenir. L’épisode n’en reste pas moins efficace du côté du scénario. En fait, je comprends ce qui a fait le succès du jeu, mais j’ai plus de mal à comprendre le succès de la série. Je ne crois pas qu’elle apporte beaucoup plus – avait-elle vocation à le faire ? Pas sûr.
Spoilers
Ellie et Joel arrivent enfin au bout de leur périple… mais ne sont pas au bout des surprises pour autant.
« People are making apocalypse jokes like there’s no tomorrow. » Too soon?
Oh quel plaisir, putain ! Cet épisode commence par l’erreur devenue classique et habituelle de nous introduire un nouveau personnage dont on ne sait rien et dont on suit la vie sans vraie explication… mais comme ce personnage est joué par Ashley Johnson que j’adore (brillante dans Dollhouse, Avengers et seul intérêt de Blindspot pendant beaucoup trop d’épisodes, je vous interdis de me contredire), j’étais heureux.
C’était super plaisant de la voir jouer dans la série en plus, parce que je savais évidemment qu’elle avait prêté sa voix à Ellie dans les jeux vidéos. Partant de là, quand on la voit débarquer enceinte dans le dernier épisode de la première saison, on devine assez vite vers quoi on se dirige. Sans surprise, elle est donc enceinte jusqu’au cou d’une petite Ellie ; et c’est vrai que les deux actrices se ressemblent un peu en vrai.
L’accouchement est assez original, parce qu’il est expéditif et se fait pendant une attaque de zombie. Elle s’isole comme elle peut dans une grande maison vide et comme on est avant générique, on savait déjà qu’il s’agissait d’un flashback. Un infecté débarque dans la baraque et s’en prend violemment à cette pauvre femme qui accouche. Le personnage d’Ashley Johnson parvient certes à s’en débarrasser d’un bon coup de couteau… mais c’est trop tard : elle a été mordue à la jambe. J’imagine que c’est une piste d’explication pour l’immunité d’Ellie.
Après le générique, on en revient théoriquement au présent. Ce n’est pourtant pas le cas. On suit quelques Fireflies qui s’approchent d’une maison à l’abandon. Pour le savoir, il fallait reconnaître Marlene… Heureusement qu’elle est jouée par une actrice de Station 19 (et qui jouait d’ailleurs le même rôle dans les jeux), parce que sinon, j’aurais été perdu : cela fait quelques semaines que nous ne l’avons plus vue et elle n’a pas tout à fait le même look.
Le but de ce changement est probablement de la rajeunir. Bref, toujours est-il que Marlene est celle qui retrouve Anna, la maman, et Ellie dans une chambre de cette maison abandonnée. Anna protège Ellie autant qu’elle peut, en vraie maman : elle ne lui donne pas le sein, craignant de la contaminer, et assure qu’elle a coupé le cordon ombilical AVANT de se faire mordre. C’est faux, bien sûr, mais je comprends sa décision pour s’assurer que personne ne s’en prenne à sa fille.
Anna demande également à Marlene de s’occuper d’Ellie, de l’emmener en sécurité, le tout après l’avoir tuée. Oula, ma phrase est alambiquée, mais évidemment, je parle de tuer Anna, pas Marlene. C’est un flashback fort du côté de l’impact essentiel, mais je trouve qu’il aurait fait un excellent début de série – ou de saison 2. Pas sûr de comprendre l’intérêt d’un tel flashback à ce moment-là.
Quoiqu’il en soi, il arrive à sa fin quand Marlene finit par accepter de tuer Anna et de s’occuper d’Ellie. On peut alors en revenir au présent, où Joel et Ellie trouvent une énième boîte de conserve. Alors qu’on avait laissé Joel quasiment blessé à mort, on le retrouve suffisamment en forme pour marcher sans avoir besoin de soutien. Bref, il s’est remis de sa blessure et les deux personnages se mettent à marcher sur l’autoroute, reprenant un périple vers un hôpital inconnu, périple plein de conversations vide d’intérêt.
Ils arrivent finalement en ville, où ils décident d’inspecter un building. Abandonné, forcément. J’avoue que je n’ai pas bien compris l’intérêt de leur fouille, mais eh, ils semblent chercher des vivres. Evidemment, ça permet aussi de souligner qu’Ellie est encore en état de choc suite à l’épisode précédent. Cela ne l’empêche pas d’être encore impulsive, hein : elle abandonne donc Joel derrière elle quand elle aperçoit quelque chose qui lui donne envie de courir dans tout un immeuble abandonné et à moitié détruit. Elle lui balance même une échelle à la gueule, c’est dire.
Ce qui la fait courir comme ça ? Joel ne le voit pas, mais il se sent forcé de la suivre en courant, pour la protéger au cas où. Finalement, il s’agit contre toute attente (pour quelqu’un n’ayant pas joué au jeu) d’une… girafe. Je ne sais pas trop comment elle a pu la voir de là où elle était, ni comment la girafe s’est retrouvée là, à plusieurs étages du sol en théorie.
Pourtant, depuis une terrasse de l’immeuble, on voit que la girafe est bien au niveau du sol et à l’extérieur. Elle n’est pas seule, d’ailleurs : il y a plein d’autres girafes qui se promènent dans une ville abandonnée. Tout en contemplant cette magnifique vue, Joel rappelle à Ellie qu’ils ne sont pas obligés d’aller vers cet hôpital dont ils ne savent rien : ils peuvent aussi retourner chez Tommy, pour se protéger.
Cela n’intéresse pas tellement Ellie : après tout ça, elle veut aller au bout du voyage, et une fois qu’ils y seront, continuer de suivre Joel. C’est mignon tout plein cette relation père/fille qui s’est établie entre eux en quelques épisodes, mais ça me donne quand même l’impression qu’une grande partie de leur relation s’est installée hors écran.
Pour compenser ça, les scénaristes décident que cet épisode doit voir quelques conversations entre Joel et Ellie, et des conversations bien profondes. On découvre donc ainsi que c’est Joel lui-même qui s’est tiré dessus et a raté son coup : il voulait se suicider parce que Sarah était morte et que le monde sombrait dans le chaos, avec des campements militaires de fortune pour soigner les gens. Bon, ça n’a pas marché bien longtemps cette affaire et aujourd’hui, Ellie et Joel sont au milieu de ruines pour avoir cette conversation lourde de sens et d’émotions, où Joel sous-entend que c’est Ellie qui lui a permis de se remettre vraiment de la mort de Sarah. Mouais, il est resté des années avec Tess sans connaître Ellie, tout de même.
Après un moment d’émotions, rien ne vaut quelques blagues du livre d’Ellie pour passer à autre chose. Malheureusement, ils sont interrompus ensuite par des militaires qui débarquent derrière eux et les attaquent sans prévenir, évidemment. Ils se font donc avoir à défaut d’être prudents, ce qui est un peu un comble après avoir traversé le pays.
Joel se réveille ensuite dans une chambre d’hôpital – celui-là même où ils comptaient se rendre. C’est cool pour eux, non ? Eh bien, non. Certes, Marlene est là pour assister au réveil de Joel, mais elle a une mauvaise nouvelle à lui annoncer : Ellie est déjà préparée pour sa chirurgie. En effet, elle est bien un remède potentielle à l’épidémie : elle a du cordyceps qui pousse en elle depuis la naissance et qui fait croire aux champignons qu’elle est déjà infectée, la rendant ainsi immunisée à l’infection.
Il suffirait donc de lui retirer ce cordyceps du corps, d’essayer de le reproduire en laboratoire et d’en donner aux gens pour l’immuniser. Franchement, c’est ce qu’on appelle un « long shot », mais pourquoi pas ? Il faut bien tout tenter face à une épidémie comme celle-ci. Le seul problème, c’est que le cordyceps pousse dans le cerveau et donc que les médecins s’apprêtent à charcuter le cerveau d’Ellie.
Marlene a beau être toute gentille avec Joel et lui assurer qu’elle lui est redevable, elle lui explique tranquillement qu’elle a prévu le meurtre d’Ellie, tout de même. C’est gênant. Il n’a pas envie de laisser faire ça comme ça, parce qu’il la voit tout de même comme sa fille. Malheureusement, il ne fait pas le poids face aux militaires et face à la détermination de Marlene, qui est tout de même bien dérangée elle aussi par le fait qu’elle est en train de briser la promesse qu’elle a faite le jour de la naissance d’Ellie.
Pourtant, elle reste suffisamment déterminée pour se décider à laisser repartir Joel avec un simple couteau : elle ordonne à ses hommes de le lâcher au milieu de l’autoroute et de le tuer s’il tente quoique ce soit en chemin. Ils ne le font pas quand Joel s’arrête pour regarder les panneaux de l’hôpital et demander son chemin. Eh, c’est un point du Bingo Séries, ça ! Il était temps que la série arrête de se foutre de ma gueule et de me narguer avec des presque points.
L’épisode avance en tout cas assez vite ensuite : Joel parvient sans surprise à maîtriser les deux gardes qui l’escortaient – oui, oui, seulement deux – et à les tuer. Il part ensuite à la recherche d’Ellie tout aussi déterminé que l’était Marlene : il nous bute tous les Fireflies présents sans la moindre difficulté.
Oui, sans la moindre difficulté : désolé pour tous les joueurs qui ont probablement galéré sur ce niveau du jeu ; là, toute la scène d’action est limitée à un montage musical de Joel tuant l’un après l’autre les gardes. C’était assez efficace je dois dire, niveau représentation, on est pas mal, c’est prenant… Mais ce n’était pas de l’action pure pour autant. Encore un épisode qui se passe d’action, donc.
Finalement, Joel atteint le bloc opératoire où le personnel médical s’affaire autour d’Ellie, inconsciente comme l’avais promis Marlene. Joel n’hésite pas à tuer le chirurgien qui n’avait pas demandé grand-chose et cherchait juste à comprendre ce qu’il se passait. Bon, après, il y a de fortes chances pour que le chirurgien ne soit pas du côté de Joel, c’est clair. On parle tout de même d’un remède à une épidémie mondiale, qui a tué à peu près toute l’humanité et continue de le faire… Evidemment qu’on est prêt à tuer une adolescente pour sauver le plus grand nombre.
C’est un joli dilemme final pour Joel après cette saison, et une bonne question éthique qu’on peut tous se poser : jusqu’où irions-nous pour la survie de l’humanité, et qu’est-ce que ça donnerait si on était aussi impliqué que Joel ? C’est basique comme questionnement, mais c’est ce qui a fait le succès du jeu – et c’est un dilemme efficace. Je comprends le choix de Joel qui est de sauver Ellie à tout prix… mais je comprends aussi celui des Fireflies, prêts à tout pour sauver le monde.
D’ailleurs, une fois que Joel a sauvé Ellie du bloc opératoire, Marlene le résume bien quand elle prend en joue Joel et Ellie dans le garage de l’hôpital : elle rappelle à Joel qu’il condamne Ellie à vivre dans un monde suffisamment cassé pour la tuer à tous les coins de rue. Selon elle, il n’est pas trop tard pour tout réparer – et surtout pas trop tard pour laisser Ellie faire son choix.
Marlene baisse son arme, Joel hésite… et puis Ellie se réveille à l’arrière de la voiture de Joel. On comprend assez vite que Joel a tué Marlene, et puis on nous le montre. Pauvre Marlene. C’est la seule personne dont Ellie demande des nouvelles quand il lui assure que l’hôpital a été attaqué par des raiders – et Joel ne lui répond pas, ce qui en dit long. Il fait le choix de mentir à Ellie sur ce qu’il s’est passé, assurant que les médecins n’ont rien su faire après plusieurs tests sur Ellie.
Il confirme aussi qu’il y a des dizaines d’autres immunisés et qu’elle n’est pas si exceptionnelle que ça, après tout. Je ne pense pas qu’Ellie puisse croire si simplement Joel, mais ça fonctionne bien comme conclusion : il fait tout pour la protéger, quitte à lui mentir pour s’assurer qu’elle ne fasse pas le choix du suicide. Et une fois que c’est fait, il lui promet de la ramener à la maison.
Joel et Ellie reprennent donc la route à bord d’une voiture qui finit par tomber en panne, à cinq heures à pied de leur destination. Pas grand-chose pour eux. Joel a plein de choses inutiles à raconter à Ellie, la comparant à Sarah. Alors qu’ils approchent de la ville, Ellie décide d’avouer à Joel l’identité de la première personne qu’elle a eu à tuer : Riley évidemment.
La conclusion de la saison est alors là : Ellie demande à Joel de lui jurer qu’il lui a dit la vérité sur ce qu’il s’est passé à l’hôpital. Joel prend alors la décision de mentir à Ellie, ce qui est tout de même bien frustrant, surtout qu’elle lui fait entièrement confiance et décide de le croire. C’était un peu abrupt comme fin – surtout parce que le montage de l’épisode ne laisse pas une seconde avant de passer au générique de fin.
Je ne suis pas entièrement surpris par cette fin qui est bien plus fermée que ce proposent bien des séries : le jeu était censé être terminé après tout… mais je m’attendais quand même à une sorte de cliffhanger ajouté par les scénaristes, parce qu’on sait déjà qu’il y aura une saison 2 (qui divisera elle-même le second jeu en deux, en plus, parce que toujours plus). Il n’en est rien – pas même une petite scène post-générique à se mettre sous la dent.
Bon, ben, à dans deux ans pour la suite.
EN BREF – Je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé la série, mais en tout cas, j’en attendais sûrement plus. Je suis partagé : certaines scènes étaient épiques et vraiment superbes à tous les points de vue, surtout visuellement parlant ; les acteurs sont géniaux et il y a des moments prenants – suffisamment pour comprendre l’engouement autour du jeu. Cependant, la série a bien des longueurs, qui semblent souvent être les ajouts des scénaristes, et ça, c’est dommage.
Pour ne rien arranger, j’ai aussi à mon actif plus de dix ans dans l’univers de The Walking Dead et ça m’a laissé sur la désagréable impression d’avoir du réchauffé parfois. J’imagine que c’est inévitable sur deux franchises à l’histoire un brin similaire, mais ça n’a pas empêché que je décroche de certains épisodes, surtout quand on nous rajoutait des personnages qui, de toute manière, ne pouvaient pas survivre.
J’imagine que ça fait bien écho au titre de la série, après : à moins de s’appeler Joel ou Ellie, vous êtes destinés à mourir dans cette série. Ce sont les derniers d’entre nous.