Salut les sériephiles,
Vous n’êtes pas sans savoir, je pense, que j’ai terminé hier la série 13 Reasons Why qui a monopolisé le blog ces dernières semaines. C’est la première série du Challenge Séries 2020 que je parviens à terminer (même si c’est totalement un switch) et j’en suis plutôt content. Hier soir, la série était notre thème d’épisode pour le podcast 42 minutes et on pourrait franchement penser que j’ai dit tout ce que j’avais à en dire, surtout après le rush de fin et le fait que, pour la première fois, on a dépassé du format imposé (si peu) pour le bien-être de nos plannings à tous.
Voir aussi : 13 reasons why c’est mauvais (podcast)
Pourtant, on a continué à parler pendant une bonne heure et demi en OFF, alors autant vous dire qu’on est loin d’avoir fait le tour de la question… 24h après qu’en est-il de cette série, et plus particulièrement de sa saison 4 ? Spoilers dans la suite de l’article, hein.
Les critiques de tous les épisodes : Saison 1 | Saison 2 | Saison 3 | Saison 4
Je vais commencer par cette dernière saison, pour laquelle j’ai un nombre incroyable de critiques et déceptions à formuler. Commençons par le plus évident : le fait que les scénaristes ont oublié de dépasser le stade du brainstorming dans l’écriture de la saison. Vraiment, la saison semble vouloir aborder le plus de sujets problématiques avant sa fin et ne prend pas le temps de se concentrer sur la moindre intrigue fil rouge. Si ça peut marcher sur d’autres séries, là, le format est chaotique à souhait et ne permet d’aboutir à rien nulle part. La série nous avait prévenu cela dit :

Les intrigues laissent pour la plupart un sentiment d’inachevé vraiment désagréable (la dissociation de Clay, pas traitée une fois révélée mais apparemment soignée ??) ou de rush inexplicable (la sobriété retrouvée de Zach, qui est en même temps une des intrigues les plus développées… c’est dire). Surtout, il me paraît évident que les scénaristes tenaient avec Diego, Estella et Winston un trio beaucoup plus crédible pour porter sur ses épaules la saison 4 à la manière du duo d’Ani et Clay en saison 3. J’aurais adoré suivre ces trois-là, histoire de respirer un peu plus concernant nos héros, qui auraient pu leur mentir lors d’énièmes confrontations.

Je sais, j’avais dit que la formule s’épuisait en saison 3… de là à ne pas proposer de formule d’écriture en saison 4, par contre, il fallait voir à ne pas abuser. Aucun des cliffhangers de la série n’est véritablement exploité dans l’épisode qui suit cette année, c’est si étrange et si abusé. L’abus, c’est vraiment le mot qui me reste le plus concernant cette saison qui part dans tous les sens sans rien vraiment boucler de manière logique – Winston ne dénonce donc pas Alex parce qu’il l’aime et ce, même s’il aimait aussi Monty ? OK, il s’agit d’un adolescent, mais tout de même, va falloir revoir ce que c’est que l’amour (indice : ce n’est pas un blow-job et une nuit d’amour six mois plus tard, avec entre les deux un passage à tabac).
L’amour est d’ailleurs le message d’espoir final choisi par la série, qui légitime ainsi le meurtre et les mensonges pour s’en couvrir… On est loin, très loin, du message initial de la série. Finalement, la série valait-elle le coup ? Difficile de répondre. Sa saison 1 était évidemment de meilleure facture et tout ce qui a suivi n’était qu’une lente, très lente, déchéance des personnages, des intrigues, du message porté et de la qualité globale.

Pourquoi suis-je resté si longtemps ? Parce qu’au milieu de toute cette médiocrité, la série savait parfois délivrer de très belles scènes et de véritables guides pédagogiques des réactions à avoir face à certaines situations (quelqu’un voulant se suicider, quelqu’un révélant avoir été violer, etc.). Pour autant, tout n’est pas bon à retenir, certains messages sont à fuir car sont toxiques à souhait. Comme les personnages d’ailleurs. Et comme les scénaristes qui ont toujours privilégié le choc et la violence au message pédagogique qu’ils disaient vouloir faire passer en saison 1 (l’épisode final le prouve une nouvelle fois : oui, c’est efficace pour provoquer la haine et marquer les esprits, mais c’est tout).
Rarement une série m’aura laissé dans un tel état de colère envers ses scénaristes. Elle a le mérite de nous parler de sujets trop souvent tabous pour les mauvaises raisons, et de faire parler de ces tabous. Je savais dans quoi je m’embarquais avec elle et si je devais la conseiller un jour, il faudrait que ce soit fait avec une bonne dizaine d’avertissements pour accompagner le conseil – ce qui fait que je ne pense pas la proposer un jour.

Finalement, ça y est, j’ai terminé 13 Reasons Why… mais elle sera bien vite oubliée et finira par être anecdotique, pas même sublimée par le temps tellement elle fut une souffrance sur ses trois dernières saisons. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien si le buzz final – la mort d’un personnage principal, de manière surprenante (bien que visuellement annoncée plus tôt) – n’a pas pris du tout et que personne ne semble en parler plus que ça…
OK, vu, next, bye bye.
