Tout ce qu’il faut savoir sur la grève des scénaristes américains

Salut les sériephiles !

J’ai joué les oiseaux de mauvais augure la dernière fois, mais cette fois, ça y est, nous avons bien affaire à une grève des scénaristes. Il va falloir avec, et comme plein d’autres, je me suis dit qu’il me fallait écrire un article sur tout ce qu’on en savait. D’ailleurs, suivez régulièrement le fil de news de la page d’accueil, je pense qu’il risque d’être mis à jour encore plus souvent que prévu !

Les raisons de la grève | La première en 15 ans | Ses conséquences | La suite au prochain épisode

Les raisons de la grève

C’est officiel depuis quelques minutes à l’heure où j’écris ces lignes : un accord n’a pas été trouvé dans les temps entre les studios et les scénaristes. Cela peut sembler être une simple interruption de travail pour certains, mais on sait déjà que cette grève peut avoir de graves conséquences pour l’industrie des séries télévisées et du cinéma.

Pour rappel, cette grève fait suite aux demandes des syndicats des scénaristes pour des contrats plus justes et plus équitables – notamment à l’ère où les plateformes de streaming réduisent grandement le nombre d’épisodes par saison ou ne paie plus vraiment en fonction d’une audience et des rediffusions de la série. Les négociations avec les studios de production n’ayant pas abouti, les scénaristes ont décidé de manifester leur mécontentement par une grève.

Très sincèrement, je les comprends : ça fait deux mois que l’algorithme de Twitter me met en avant tout un tas de raisons de les soutenir. Les paiements ne sont plus suffisants, ils bossent (parfois sans être payés, ou juste des cacahuètes) dans des réunions avant même la production des séries et le cachet qu’ils touchaient lors des rediffusions est désormais le même quoiqu’il arrive sur les plateformes de streaming. Aujourd’hui, la moitié des scénaristes de la WGA sont payés au tarif minimum, contre un tiers il y a dix ans… On sent bien qu’il y a anguille sous roche quand on a des succès planétaire multi-rediffusés qui rapportent le même budget qu’une série annulée en saison 1 faute d’audience mais présente sur une plateforme.

Pour autant, l’argument des plateformes est que le profit n’est pas toujours si évident. Ainsi, seule Netflix parviendrait à être vraiment rentable – c’est aussi la plateforme la mieux protégée face à la grève, avec une production mondiale qui pourra compenser celle des USA au besoin. Je veux bien, hein, mais justement, face à une diffusion mondiale, a priori, il est possible de payer correctement les gens qui font ton succès à la base.

Les raisons de la grève (et de mon soutien !), j’en parlais plus longuement encore dans mon précédent article :

Un argument qui revient beaucoup ces derniers jours est aussi celui de l’intelligence artificielle. Les scénaristes demandent ainsi la mise en place de sécurité pour éviter qu’on ne demande à des IA de faire leur boulot à partir de scripts qu’ils ont écrit auparavant (légitime, mais compliqué à surveiller, on sait très bien que les IA vont nous remplacer à bien des niveaux… et je ne doute pas qu’elles sachent déjà écrire des épisodes de Riverdale à la hauteur, par exemple).

Un autre point du débat est de s’assurer que les scénaristes ne se retrouvent pas à devoir simplement corriger des brouillons de scripts écrits par une IA… et là, ça me paraît complètement idéaliste. Je comprends la revendication, mais je pense bien que c’est vers ça que se dirige une bonne partie de leur métier désormais. Une part de moi se dit qu’il vaudrait mieux l’accepter tout de suite et s’y adapter avant que ça ne s’impose à eux, une autre se dit que demander protection est probablement la meilleure chose à faire, parce que ça va trop vite nous échapper tout ça. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que c’était le sujet de notre dernier podcast :

Pour les plus à l’aise en anglais, la WGA a communiqué ici un tableau résumant la réponse des studios aux revendications quelques heures avant le début de la grève. Un accord est loin, très loin d’être envisagé pour le moment, puisque la majorité des demandes sont refusées sans la moindre contrepartie proposée…

Les raisons de la grève | La première en 15 ans | Ses conséquences | La suite au prochain épisode

La première grève en 15 ans

Si l’on avait eu une frayeur en 2017, la dernière grève des scénaristes remonte à 2007-2008, et avait duré… 100 jours. Ce n’était pas la première, mais c’est celle qui me marque le plus, puisque c’est la seule que j’ai pu connaître, et c’est celle qui montre l’ampleur que ça peut rapidement prendre.

Cette année-là, outre l’arrêt des talkshows, les conséquences avaient surtout été visibles par des saisons amputées de plusieurs épisodes. Il y avait aussi eu moins de nouveautés intéressantes – et en plus, la FOX avait voulu tester les épisodes de 50 minutes, un vrai calvaire finalement ! Si la grève de 2007-2008 peut nous donner une idée des conséquences possibles, elle a également été le catalyseur de projets novateurs comme Dr Horrible’s Sing-Along Blog.

Cette mini-série en ligne a été créée pendant la grève par Joss Whedon, scénariste de Buffy contre les vampires, et a été un succès surprise. On peut espérer quelques projets indépendants surprenants en cas de grève, comme on avait eu quelques bonnes surprises avec le confinement. M’enfin, ça a ses limites, tout de même, surtout si on se retrouve sans épisodes hebdomadaires !

Les raisons de la grève | La première en 15 ans | Ses conséquences | La suite au prochain épisode

Les conséquences de la grève

Au fond, c’est la question qui nous préoccupe le plus, parce qu’on a beau les soutenir, on est un peu égoïstes. En tout cas, moi, je le suis, je crois.

Tout d’abord, les talkshows aux États-Unis vont cesser immédiatement leur diffusion (peut-être même dès ce soir pour certains !), car ils dépendent à 100% de l’écriture des scénaristes. Si un accord n’est pas vite trouvé (et ça n’en prend toujours pas le chemin), les saisons de talkshows s’arrêteront donc là, sans les derniers épisodes habituels – qui servent parfois à ce que des animateurs ou chroniqueurs disent au revoir car ils ne reviennent pas l’année suivante. Je n’en regarde pas trop, mais tout de même, il y a un peu de la violence symbolique là-dedans !

Ensuite, la production de séries télévisées sera être impactée, car les networks commencent à travailler sur les nouvelles saisons de septembre dès le mois de mai, au pire juin. Cette grève risque donc d’entraîner des retards de production, voire l’annulation de certaines séries dans le pire des cas, si elle dure plus de deux ou trois semaines… Ce qui est bien en-dessous de la moyenne des grèves des scénaristes précédentes. Ils sont motivés quand ils font grève. Si je le dis autrement, la fin de saison devrait être sans remous, puisqu’elle est pour dans une vingtaine de jours et que tout Hollywood s’y préparait depuis un moment… mais le contenu habituel de septembre sera probablement en octobre, si ce n’est en novembre. Finalement, c’est comme avec le Covid, ça avait eu un gros impact.

Et ça, j’avais eu l’occasion d’en parler longuement aussi, notamment dans l’article du milieu ci-dessous, comme j’écrivais un article par jour à l’époque (ça me manque !).

Sinon, les conséquences sur l’industrie cinématographique seront également importantes, même si elles sont pour le moment moins prévisibles. Les scénaristes étant également impliqués dans l’écriture de scénarios de films, la grève risque de perturber la production de nombreux longs métrages, depuis la préproduction jusqu’à leur sortie. En effet, pour éviter de ne plus rien avoir à se mettre sous la dent pendant une longue période, les studios décaleront peut-être certains films. Exactement comme avec le covid, donc. En tout cas, ce qui est sûr, c’est que la grève tombe mal pour une industrie déjà mise à mal. Avec un peu de chance, ça les motivera à trouver rapidement un accord.

Enfin, pour en revenir aux séries, cette grève des scénaristes risque de perturber également les Upfronts, des événements organisés par les networks pour présenter leur grille de programmation aux annonceurs. La Guilde des scénaristes américains a déjà prévu quelques manifestations pour ces événements, qui doivent commencer d’ici 15 jours. Je ne serais pas surpris qu’on repasse en tout distanciel pour limiter la visibilité de la grève…

Si besoin, un petit rappel détaillé :

Les raisons de la grève | La première en 15 ans | Ses conséquences | La suite au prochain épisode

La suite au prochain épisode…

Bref, espérons que les négociations entre les scénaristes et les studios aboutissent rapidement pour limiter l’impact de cette grève sur nos séries préférées. En attendant, il va falloir rester à l’affût des derniers développements et voir comment cette grève évoluera dans les semaines à venir – sachant qu’elle est déjà soutenue par d’autres (et que d’autres syndicats, notamment du côté des studios, arrivent bientôt à expiration de contrats). En plus de celle des scénaristes, d’autres grèves pourraient intervenir dans les mois à venir. Concrètement, je suis déjà sûr d’en reparler sur le blog, même si cette grève devait être de très courte durée, parce qu’elle risque de mettre en place des changements pouvant affecter la production de séries en général. C’est ce que j’espère pour tout le monde : une issue positive pour tous les partis.

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