The Irrational – S01E01 – Pilot – 14/20

La série n’invente rien dans sa formule, mais elle joue ses cartes plutôt intelligemment. De la diffusion maligne alors qu’aucun network ne propose de série en cette rentrée faute de grève à la manière dont est gérée l’enquête, en passant par les premiers éléments de fil rouge, tout permet de s’accrocher juste assez pour avoir envie de voir la suite. Ce ne sera pas la série de l’année, mais ça va se regarder à défaut d’avoir autre chose à se mettre sous la dent.

Spoilers

Pourquoi confesser un meurtre alors qu’on n’est pas le meurtrier ?


People are irrational. But predictably so.

Irrationnel | Alec | Dylan | Le fil rouge

Irrationnel

La série commence plutôt pas mal, même si c’est avec une scène aussi prévisible que ce que la voix-off nous explique : les gens sont irrationnels, mais de manière prédictible, avec des décisions qui sont prises par instinct plutôt que par logique. C’est un constat simple, mais plutôt vrai, qui est mis en avant par plusieurs exemples plutôt marrants – la fastfood, les achats compulsifs, tout ça, tout ça. C’est une bonne manière d’introduire le héros de cette série qui explique que c’est suite à plusieurs décisions faites par instinct que l’on a besoin de lui, parce qu’on a enchaîné trop de mauvaises erreurs.

Franchement, c’est fluide et je vois mal comment on aurait pu introduire différemment le personnage central de la série, Alec, donc. Enfin, si, je vois : on aurait pu nous donner son nom autrement que dans le synopsis, surtout que le générique (inexistant) nous informe qu’il sera omniprésent pour la série. Bref, c’est prévisible, c’est un procédural NBC, mais pourquoi pas ?

Je suis là pour me laisser convaincre, après tout. J’aime bien la première intervention de l’épisode qui nous introduit Alec comme un négociateur dans les prises d’otages. Nous le suivons donc alors qu’il essaie de convaincre un père de famille de ne pas tirer sur sa femme ou sur son bébé. Pour se faire, il décide de le faire réfléchir à ses choix et ses envies du moment, pour qu’il se rende compte que c’est une mauvaise idée.

Evidemment, on est sur un pilot alors notre héros parvient à faire en sorte que le personnage ne tue pas tout le monde. On voit toutefois que ses méthodes ne sont pas convaincantes pour tous les gens sur place – à commencer par les policiers. Il n’y en a qu’une qui semble lui faire confiance, Marissa, et pour cause : on apprend rapidement qu’elle est la femme du héros.

Bon, par contre, ils ont rompu. Ils ne sont pas divorcés (pas encore, en tout cas), mais ne vivent plus ensemble. C’est un peu lourd comme duo, mais ce sera parfait pour nous faire un will they/won’t they un peu différent des autres séries. Leur alchimie est plutôt chouette, en plus, et on comprend bien que la rupture vient du fait que le héros dissocie trop les émotions de la réalité, se contentant de la logique et de l’irrationnel, enfin de l’instinct, pour tout expliquer.

Irrationnel | Alec | Dylan | Le fil rouge

Alec

Cette introduction faite, il nous faut plonger un peu plus précisément dans ce qui a rendu Alec comme cela. Nous découvrons donc qu’il est professeur de fac et nous suivons son premier cours face à de nouveaux étudiants, pour vraiment apprendre à le connaître. Il a donc un passé un peu sordide, avec des brûlures dans le cou qui viennent d’un accident. Ce sont ses brûlures qui ont fini par le rendre comme il est aujourd’hui : il explique que les infirmières retiraient brutalement ses bandages et que ça lui faisait bien plus mal que si elles y allaient lentement.

Cette décision fondée sur l’instinct l’a beaucoup fait réfléchir : c’est comme cela qu’il est devenu ce qu’il est, parce qu’il a fini par comprendre que les infirmières géraient la douleur d’infliger de la douleur comme cela. Et les brûlures ? On a quelques flashbacks précipités pour nous faire comprendre qu’il y aura quelque chose à creuser un jour de ce côté-là. Mais pas aujourd’hui. En effet, le héros ne se souvient pas exactement de tout ce qu’il s’est passé, alors il invente une fausse excuse – ce qu’il explique ensuite à son assistante. Bon. Un mystère pour la suite, c’est vraiment une série procédurale.

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Dylan

On tombe alors dans la série procédurale tout ce qu’il y a de plus classique avec une enquête de la semaine, enquête un peu précipitée inévitablement. L’épisode doit forcément accélérer les choses puisqu’il y avait toute la partie introduction au départ. Bref, c’est la maire qui fait appel directement à Alec pour qu’il prouve l’innocence (ou la culpabilité d’ailleurs) de Dylan, un étudiant qui affirme avoir tué sa copine (Jasmine). Seulement voilà, ça n’arrange pas la maire parce que c’est le fils d’un sénateur.

C’est gênant comme situation, alors hop, Alec débarque pour tenter de régler ce qu’il se passe. J’aime bien l’idée de l’épisode, mais je me demande vraiment comment cette série va pouvoir tenir sur une vingtaine d’épisodes sans être répétitive dans les schémas proposés. Il faudra que les personnages soient vraiment chouettes, et ce n’est pas encore le cas.

En ce qui concerne l’enquête, Alec assiste à l’interrogatoire de la police et pose des questions étranges, comme les positions dans lesquelles Dylan et Jasmine ont bien pu coucher ensemble. Son but ? Démontrer qu’il affirme avoir tué Jasmine mais qu’il ne s’en souvient pas précisément : on se souvient des choses par image, mais ce n’est pas le cas dans le cas du meurtre. Cela l’interroge sur la raison pour laquelle il confesse, et ce sera le cœur de l’enquête.

Après, il n’y a pas d’enquête tant qu’il n’y a pas de corps, hein. Voilà donc Alec qui se rend sur la scène de crime. Pour pouvoir y entrer, il fait appel à Marissa qui lui donne ses accès sans problème. Ils rencontrent ensemble l’enquêtrice sur le cas, ce qui permet de perturber celle-ci. Elle était sûre que l’affaire était réglée parce que Dylan avait confessé… seulement voilà, s’il avait confessé être innocente, elle aurait mené une enquête.

Bref, Alec lui rappelle qu’elle a un métier à faire et que ce serait mieux de le faire correctement. Pour la convaincre qu’il est possible de confesser de quelque chose qu’on n’a pas fait en étant sûr de l’avoir fait, Alec met aussi en place une expérience à la fac. J’ai trouvé dommage que cette expérience soit présentée en moins d’une minute : je trouve que la série passe à côté de quelque chose. Après tout, on est là pour ce que la science pourrait apporter – un peu comme dans Numb3rs où on venait pour les maths. Or, là, la science est mise de côté avec juste la révélation du résultat de l’expérience – ils mentent tous quand on leur dit qu’ils ont été filmés en train d’abîmer du matériel lors d’un moment où ils devaient aller vite à un autre endroit – parce que c’est ce qui permet à l’épisode d’avancer.

La détective sur l’affaire n’est pas trop convaincue pour autant que c’est la même chose que lors d’une confession de meurtre. Ce n’est pas grave : ça conforte Alec dans ses certitudes. Il décide donc de poursuivre l’enquête autant que possible : il se rend donc dans une réunion pour alcooliques anonymes où Dylan se rendait régulièrement. À partir de là, je tenais mon coupable : le parrain de Dylan.

Alec n’en arrive pas si vite à la même conclusion que moi, et pourtant, tout se dirige vers là avec un jeton de cinq ans de sobriété retrouvé sur la scène du crime, là où les deux protagonistes, Dylan et Jasmine, n’en sont qu’à quelques mois. Je trouve ça gros que personne ne cherche plus loin l’origine de ce jeton, pas même Alec.

Pour leur défense, ils sont perturbés par l’arrivée d’une influenceuse rivale de Jasmine dans l’histoire, parce qu’évidemment Jasmine était une influenceuse. Si elle ment et que la révélation du mensonge est marrante à suivre, on voit rapidement que c’est une fausse piste cette dispute entre influenceuses. Elle permet de prouver une fois de plus qu’Alec est malin et fait attention aux détails. Dans le même genre, à la réunion des AA, Alec est plutôt marrant à expliquer comment on fait soudainement attention au bruit de fond lorsqu’il est question de sexe ou d’un nom que l’on connaît. C’est comme ça qu’il attire l’attention de ceux connaissant le nom de Dylan. Et ça fonctionne.

C’est comme ça que moi j’ai trouvé mon coupable. Alec met du temps à s’en rendre compte, mais l’enquête le ramène une fois de plus aux AA où il finit par comprendre que Ray doit être le coupable bien planqué. Il lui rend son jeton de cinq ans de sobriété et fait aussitôt appeler Marissa pour qu’elle vienne sur place.

Il fait bien. Quand il confronte Ray, ce dernier sort aussitôt un flingue – l’arme du crime. Pour un personnage intelligent, il se met en danger sans raison là. Le voilà pris en otage, mais le genre d’otage que personne n’aimerait avoir : il papote tranquillement avec Ray et lui souligne toutes les mauvaises décisions qu’il est en train de prendre.

Ma foi, ce ne sera pas la série du siècle. Alors qu’Alec conduit, Ray lui donne des coups de poing et confesse peu à peu ce qu’il s’est passé. Nous n’avions pas besoin de tant de détails, en plus, parce que j’avais de toute évidence un coup d’avance sur le personnage. Ce n’est pas compliqué : Ray a donc tué Jasmine, puis s’est servi de la confiance que Dylan avait en lui pour le droguer, le faire rechuter et le faire accuser.

Simple et efficace. Une fois que la confession est faite, Marissa débarque en voiture, mais la série n’a pas le budget pour une vraie course poursuite. Voilà donc Alec qui provoque un accident volontaire de manière à neutraliser définitivement Ray. Dylan est alors relâché et tout est bien qui finit bien. On peut même nous vendre un triangle amoureux entre Alec, Marissa (son ex-femme beaucoup trop accrochée à lui) et la nouvelle enquêtrice qui semble vouloir bosser à nouveau avec lui. Je crois que son nom est Bowen… mais franchement, ils ne se sont pas trop souciés de nous faire apprendre les noms des personnages pour l’instant !

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Le fil rouge

En me concentrant sur l’enquête, j’ai volontairement mis de côté dans ma critique une grosse partie de ce pilot qui se concentre sur une intrigue qui sera en fil rouge et qui concerne le passé de notre personnage. En fait, c’est toute sa vie perso que j’ai mise de côté pour l’instant. On découvre donc qu’il vit désormais chez sa sœur, un personnage secondaire qui sera là pour le soutenir quoiqu’il arrive dans sa vie. Je l’aime bien, elle apportera une dynamique intéressante avec le personnage principal – elle le connaît par cœur, elle sait comment lui parler, elle le ramène au monde des émotions. En gros.

Des émotions, le personnage principal en a plein. Seulement, il veut les mettre de côté parce qu’il est aussi perturbé par son passé. Tout au long de l’épisode, on en découvre plus sur lui et ses brûlures. L’origine ? Une bombe a explosé dans une église. Il y a perdu un proche – son frère ? – et obtenu de grosses brûlures dans le cou. L’avantage, c’est que l’enquête menée par le FBI lui a permis de rencontrer Marissa. Oui, parce qu’elle est du FBI, en fait.

Aujourd’hui, son ex-femme a gardé la maison, mais elle est encore amoureuse de lui et pas encore divorcée. Bon, ça, je l’avais déjà dit. Et je crois que grosso modo, c’est tout ce qu’on appris sur le passé du personnage.

On en revient alors au présent et à de vraies questions pour la suite de la série : il fallait un fil rouge et on l’obtient quand le poseur de bombe, un certain Wes, demande à être libéré plus tôt que prévu. Lors de l’audience, tout se déroule à merveille et il est prêt à être libéré, mais il aperçoit alors quelqu’un dans le cadre d’une porte. Il n’en faut pas plus pour qu’il exprime aussitôt son souhait de commettre d’autres attentats.

Marissa et Alec ont beau courir vite (non), ils ne parviennent pas à rattraper l’homme qui se tenait dans le cadre de la porte. Ils n’ont soi-disant aucune piste pour le retrouver car Alec n’a pas retenu sa plaque, mais ils comprennent en tout cas que Wes n’agissait pas seul. S’il a un complice qui tire les ficelles, l’enquête doit être rouverte… De quoi nous garder Marissa et Alec proches l’un de l’autre un bon moment. Sinon, je vous présente le seul palais de justice de l’histoire des séries qui n’a pas de gardiens ou de caméras de surveillance. J’imagine qu’on nous dira que le chapeau cache l’identité du type – que je soupçonne très fortement d’être le frère d’Alec, pour le bien du drama. L’histoire nous le dira – parce que je pense que je vais continuer la série, elle met en place ses petits rituels déjà, ça va se regarder tout seul.

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