MadS, un petit coup de cœur horrifique

Salut les sériephiles,

Une affiche surprenante qui ne dit pas tout ce qu’est le film, mais qui fourmille en fait de détails sur la construction du film.

Je sais que j’ai dit que j’allais parler séries ici, mais finalement, je me dis que reprendre cette catégorie, c’est quand même l’occasion de parler des coups de cœur concernant les films…

Aujourd’hui, on se plonge ainsi dans MadS, un film français sorti cette semaine. Diffusé sur la plateforme américaine Shudder, il se destine à un public friand d’horreur et de cinéma d’auteur. Si vous aimez les sensations fortes et les choix de réalisation ambitieux, ce film pourrait bien être celui qu’il vous faut pour prolonger encore un peu l’ambiance Halloween.

Je sais, je sais, Halloween est terminé et Mariah Carey nous a dit qu’il était temps de parler de Noël, mais eh, avant son traditionnel « It’s tiiiime », cette année, elle a proposé une petite séquence d’Halloween, non ? J’ai donc le droit de faire de pareil.

De quoi ça parle ?

Le film nous fait suivre une soirée pas si banale ; celle de Romain, un jeune homme de 18 ans (interprété par Milton Riche) qui, après avoir pris une drogue avant une soirée, se retrouve embarqué dans un cauchemar où réalité et hallucination se mélangent. Peu à peu, Romain comprend que les hallucinations terrifiantes ne sont peut-être pas que des hallucinations et on nous embarque dans sa soirée cauchemardesque autant que dans celle de ses potes – il y a finalement trois personnages principaux que l’on suit durant une heure et demi.

Une heure et demi, c’est le temps qu’il faudra pour que la vie de Romain et de ses deux amies bascule dans un chaos digne de film d’horreur. Et ça tombe bien, c’est justement un film d’horreur qui nous surprend quand on ne s’y attend pas ! La bande-annonce nous le montre un peu d’ailleurs, même si j’ai tendance à considérer qu’elle en montre trop.

Prouesse technique

Ce que la bande-annonce ne montre pas en revanche (même si elle le dit), c’est que MadS, c’est avant tout un défi technique. Imaginez : une nuit, une seule caméra, et un plan-séquence de 86 minutes. Ce n’est pas banal pour un film d’horreur, encore moins pour une production française. David Moreau, à la réalisation, mise ici sur l’immersion totale. Il ose l’audace du plan-séquence unique sur l’ensemble de sa durée pour nous embarquer dans une expérience un peu oppressante. J’adore la technique du plan-séquence et j’adore quand c’est fait sur une aussi longue durée – surtout que je n’ai pas forcément remarqué les transitions.

Outre le plan-séquence impressionnant en lui-même, les effets spéciaux méritent vraiment d’être mentionnés eux aussi : ils sont subtils mais percutants, et apportent un vrai plus à cette atmosphère angoissante. Il y a du numérique, bien sûr ; seulement, je suis à peu près sûr qu’ils ont misé également sur des accessoires emportés par les acteurs. C’est assez impressionnant – la caméra tournant en continu, il faut se débrouiller pour trouver des angles morts parfois. Et le film se débrouille, avec des plans et des images parfois vraiment marquants.

Le plan-séquence pourrait aussi justifier que le film ne se casse pas la tête avec un casting large. C’est certes le cas, avec juste trois personnages principaux… mais il y a tout de même un beau nombre de figurants et des plans larges dans ce qui semble vraiment être toute une ville de campagne. Bref, cette approche immersive a nécessité une coordination sans faille entre les acteurs, l’équipe technique et la caméra elle-même. On sent que chaque minute compte et que chaque geste est calculé pour nous tenir en haleine, mais ça ne sort pas pour autant du film – ce qui peut être parfois le problème de ce genre de film.

J’ai lu sur Twitter que Mads était le 1917 des films d’horreur et c’est très vrai, même si le budget est moindre… mais dans 1917, il y a plusieurs moments où j’ai trouvé que le plan-séquence cassait bizarrement l’immersion ; que ça n’était pas hyper crédible dans l’enchaînement. Cela n’a pas été le cas pour Mads qui m’a bien embarqué – un chapeau bas d’ailleurs à ses acteurs qui sont pour moi de jeunes talents qui semblent n’avoir peur de rien et dont la carrière sera probablement à surveiller.

Des défauts quand même ?

Pour autant, même si le film en met plein les yeux, le scénario n’est pas toujours à la hauteur de ce que j’en attendais. Les choix des personnages semblent parfois improbables, ce qui peut casser le réalisme que l’on attendait dans une œuvre aussi immersive. Ceci dit, les personnages sont sous l’influence d’une drogue qui semble tout de même assez forte, et ça ne doit pas aider.

Bref, on se prend à douter, à se demander pourquoi tel ou tel personnage agit ainsi… mais on finit par se laisser reprendre par le rythme du film, tant il ne nous laisse aucun répit. En tout cas, moi, ça m’a fait cet effet-là. J’ai lu des avis un peu moins positifs en faisant quelques recherches pour cet article : il y en a qui n’ont pas accroché, reprochant la platitude du scénario par moments. Je ne peux pas nier qu’il y a un ensemble prévisible et une conclusion peu étonnante quand on est vraiment habitué aux films d’horreur. Je n’appelle pas ça un problème pour autant.

En bref, *MadS* est une expérience intense, pas toujours parfaite, mais qui mérite qu’on s’y attarde pour son approche audacieuse et ses performances. L’essayer, c’est plonger dans un cauchemar cinématographique et vraiment, ça a été un coup de cœur inattendu de ma semaine. Il fallait bien que je vous le partage !

PS : si vous n’en avez pas ça, David Moreau, le réalisateur, avait proposé il y a quasiment vingt ans le film Ils, qui est plutôt une réussite pour un film d’horreur (bon, on lui doit aussi Vingt ans d’écart, mais ça, c’est une autre histoire).

Something is killing the children (vol. 1 à 3)

Salut les sériephiles,

Aujourd’hui, je vous parle de Something is Killing the Children de James Tynion IV, un comic dont j’ai littéralement dévoré en moins de 24 heures les trois premiers volumes. Une adaptation en série est prévue prochainement sur Netflix.

De quoi ça parle ?

Imaginez une petite ville tranquille, Archer’s Peak, où des enfants sont d’abord retrouvés déchiquetés, avant que d’autres ne disparaissent mystérieusement. Il y a bien un survivant du massacre, mais il n’ose pas trop raconter son histoire cauchemardesque de monstre tapi dans l’ombre. L’arrivée en ville d’Erica Slaughter, aussi redoutable et mystérieuse que son nom de famille le suggère, marque le début d’une traque effrénée, et on se retrouve plongé dans un univers qui accroche dès les premières pages.

Cela faisait des années que je voulais découvrir ce comic dont le premier numéro date de 2019, mais je le gardais de côté pour une période un peu spéciale – Halloween me paraissait le moment parfait, mais j’étais toujours pris par autre chose et j’étais un peu frileux de voir la collection être de plus en plus longue.

C’est vraiment bien ?

Si je vous en parle aujourd’hui, c’est que j’ai fini par craquer ce 31 octobre… Et je n’ai pas été déçu du tout : dès les premières pages, j’ai été captivé par cette héroïne badass qui n’a pas froid aux yeux et par ce pré-ado traumatisé par le massacre de ses amis.

Ayant déjà beaucoup aimé Wynd du même auteur (la suite arrive enfin dans une douzaine de jours !) et n’ayant jamais lu la moindre critique négative sur cette saga (au contraire, même), j’étais confiant, mais ici, Tynion IV livre quelque chose de bien plus intense et percutant que ce que j’imaginais. C’est sombre, c’est choquant, et c’est tout simplement impossible à lâcher.

L’histoire est un vrai page-turner, avec des scènes d’une intensité franchement bien sentie. Certaines cases m’ont carrément fait frissonner, sans exagérer (mais maintenant que j’ai écrit ça, ça ne vous le fera peut-être pas…) tant elles sont sanglantes et graphiques. Un moment en particulier m’a… terrifié doit être le mot : je savais que ça allait être violent, je savais que ça allait arriver car il y a des indices pour l’anticiper, mais je ne pensais pas que ce serait à ce point rapide, violent et choquant ! Ce n’est clairement pas pour les âmes sensibles, mais c’est justement ce qui rend la lecture aussi addictive. En France, j’ai cru voir passer un « interdit au moins de 16 ans ». Ça ne me surprend pas, et certains twists ne sont pas sans rappeler la violence de The Walking Dead, par exemple.

Une adaptation à venir

Ce qui rend Something is Killing the Children si intéressant, c’est aussi son univers. La mythologie autour de l’organisation dont Erica fait partie est fascinante, et on sent qu’elle n’a été qu’à peine effleurée dans ces trois premiers volumes. C’est le genre de saga qui pourrait durer encore longtemps tant le potentiel est là, avec une organisation à découvrir, peut-être même à renverser, et un bestiaire de créatures qu’on devine immense.

L’annonce de son adaptation en série par Netflix n’a donc rien de bien surprenant, mais elle m’intrigue aussi beaucoup sur la forme et le ton que ça prendra.

L’histoire rappelle bien sûr Buffy contre les vampires, avec cette héroïne blonde qui se charge des monstres. Mais en 2024, l’approche est plus sombre, plus brute, bien plus sanglante et pour l’instant, on est un peu moins dans l’approfondissement des personnages secondaires. On sent qu’ils sont attachants, mais je me demande lesquels resteront pour la suite.

Les trois premiers volumes formaient une première grande histoire concentrée sur Archer’s Peak, ce qui pourrait d’ailleurs correspondre à une saison 1 assez efficace pour la série. C’est intense, ça va droit au but, et ça pose de solides bases pour la suite. On a tout ce qu’il faut : une héroïne charismatique, une ambiance glauque, et des personnages auxquels on s’attache progressivement.

Bref, j’adore. Si vous aimez les histoires sombres, captivantes, avec un soupçon de frisson et des créatures monstrueuses, Something is Killing the Children est un must. Personnellement, je suis déjà impatient de découvrir la suite, tant il y a de choses à explorer et de mystères à résoudre.Cela tombe bien, il me reste cinq volumes à découvrir. À lire absolument… mais peut-être pas, comme moi, avant de dormir car vous y passerez la nuit !

Ce que je retiens de ma marche sur la Route des Sorcières (Agatha All Along)

Salut les sériephiles,

Avec ses derniers épisodes diffusés hier, Agatha All Along a su créer l’ambiance parfaite pour Halloween. J’avais inévitablement envie de revenir dessus aujourd’hui – et en plus, ça permet d’enfin parler de séries dans ces articles quotidiens. Incroyable, il m’aura fallu presque une semaine, je sais.

Attention, spoilers

Un spin-off qui prend vite son indépendance

En choisissant de mettre Agatha Harkness au centre, Marvel nous livre une série qui dépasse largement le simple spin-off de Wandavision. Pourtant, ça commence exactement comme ça puisque le premier épisode reprend les meilleurs éléments de la série d’origine, pour mieux les détourner et les expédier au plus vite. Le clin d’œil fonctionne et fait qu’on est bien moins perdu que ça en avait l’air et qu’on ne l’était à l’époque. J’ai particulièrement aimé ce passage par tous les rôles interprétés dans chaque épisode de la série d’origine, mais c’est pour mieux en arriver à une vraie indépendance d’Agatha.

Si l’ombre de Wanda plane sur l’ensemble de la saison 1 (et sa voix aussi), Agatha All Along se présente pourtant ensuite comme une fresque où chaque élément – de la couleur teintée de violet à la musique – contribue à une véritable réinvention de la sorcellerie moderne, ou en tout cas de la figure de la sorcière. J’ai beaucoup aimé cette réécriture, qui prend très vite son indépendance du MCU (sans jamais l’oublier) pour devenir autre chose. Evidemment, cette sorcellerie est inclusive, imprégnée de symboles, et centrée sur la quête personnelle d’Agatha – mais aussi sur celle de l’Ado qui l’accompagne, avec le mystère de son prénom (un secret de polichinelle, certes). De l’intro au final, le parcours est riche et complexe.

Down, down, down the road

La structure de la série n’aide pas toujours à en tirer le meilleur. J’aurais sûrement préféré quelque chose de plus linéaire, ou en tout cas de plus simple. Les scénaristes se gardent de côté des éléments de réponse pour les derniers épisodes, comme toujours désormais dans l’écriture des séries. Certes, les divers moments « mind-blown » fonctionnent très bien, mais il me semble que l’histoire aurait eu tout autant de pertinence sans ça – et ça aurait peut-être moins perdu aussi.

Côté structure, tout le monde comprend dès les premières notes de Down the Witches Road que cette chanson sera l’écho de chaque étape du chemin d’Agatha – et du notre ? Perso, ça fait un mois que j’écoute en boucle cette chanson et que je l’ai en tête. “La Route” devient alors un thème omniprésent, à la fois dans les titres des épisodes, mais aussi comme figure mystique et tragique qui conduit les personnages plus profondément vers eux-mêmes.

Contrairement à ce qu’on aurait pu attendre d’une structure plus linéaire, la série se plaît à multiplier les allers-retours entre passé et présent, entre les moments de Jugements et les interactions entre les sorcières. Si ce procédé ajoute à l’ambiance, il complexifie aussi parfois le récit, un mal typique des séries modernes qui veulent toujours tout dire sans laisser de place à la simplicité.

Un voyage visuel

L’esthétique, pourtant, est un point fort indéniable : chaque épisode a sa propre palette (voire sa propre décennie, comme dans Wandavision, d’ailleurs), et si le violet, couleur d’Agatha, domine en toile de fond, les tons évoluent pour correspondre aux Jugements successifs. La série ne se contente pas d’être une histoire fantastique, elle utilise chaque couleur, chaque variation de teinte, pour nous plonger dans une mythologie personnelle et unique. C’est presque une galerie où chaque tableau résonne différemment, ajoutant à l’immersion, surtout que chaque épisode se concentre aussi sur un des personnages. Là-dessus, le schéma est on ne peut plus classique : des personnages qui ne s’entendent pas se retrouvent embarqués dans la même aventure, sans vraiment avoir d’autres choix que de la vivre ensemble. Ils finissent (elles !) par former une véritable famille.

Inclusive ou vrai ratage ?

Ah oui, Marvel choisit vraiment de placer la série sous le signe de l’inclusivité. C’est dommage d’en avoir fait un argument de vente parce que tout le côté LGBT est finalement peu exploité et laisse sur sa faim. Je suis partagé : c’est top pour la représentation que ce ne soit pas la verrue au milieu de la figure de la sorcière ; mais ça ressemblait aussi beaucoup à du gaybait d’avoir Aubrey Plaza qui nous vend Agatha All Along comme la série la plus gay… alors que bon, elle sème juste des références discrètes à la communauté LGBT+.

Si j’adore les deux actrices et que j’avoue que l’épisode centré sur Billy (et donc sur son copain) était un vrai bonheur, ça n’empêche pas la série de se foirer dans les grandes lignes à mes yeux. Comment en 2024 se débrouille-t-elle pour finir sur les tropes vraiment peu bienvenus concernant la communauté ?

Le copain de Billy n’est vraiment qu’un accessoire qu’on ne revoit pas en conclusion – n’aurait-il pas dû avoir envie de le retrouver après une telle journée ? – et la relation Rio/Agatha n’est absolument pas explorée. Bordel, Agatha a flirté avec la mort, on veut en voir plus quand vous faites un flashback sur elle non ? Faites 22 épisodes ! Autant d’attente autour du couple Rio/Agatha pour juste quelques scènes où elles évoquent le passé sans le montrer et pour finir sur ce cliché horrible et répétitif de la lesbienne méchante ou morte ; ou les deux, merci bien. Merci aussi à l’avant-dernier épisode de proposer un baiser de la mort comme premier vrai baiser lesbien du MCU…

Il a le mérite d’exister (et il fait plaisir), mais c’est frustrant ; exactement comme tout ce qui tourne autour de Billy (dont le coming-out auprès des parents très religieux est évacué d’ailleurs). L’Enfer est pavé de bonnes intentions. Cela dit, tout cela permet de transformer la figure de la sorcière en un symbole moderne d’autonomie et de différence, tout en conservant les clichés habituels (la balade en balai et le rire maléfique de Rio, quel kiff !). Agatha n’est pas une héroïne classique, elle est une femme qui défie les normes et s’affirme avec toutes ses nuances – une facette qui parle aussi aux minorités et aux voix qui cherchent à se faire entendre – en passant sans cesse de l’humour au machiavélisme, de l’héroïne à l’anti-héroïne. Une sorcière ambiguë, comme elle est censée l’être.

Un nouvel univers… venu des comics

Si en définitive, l’avant-dernier épisode Follow Me, My Friend, To Glory At The End est peut-être le plus marquant, ce n’est que le prélude au final où Agatha devient enfin ce qu’elle est dans les comics. Elle n’est pas une sorcière à “sauver” ni à condamner, mais une force de la nature qui apprend à s’accepter et qui se retrouve en position de guide alors que rien n’est vraiment réglé. Surtout, elle passe du statut de méchante dans Wandavision à celui d’héroïne dans Agatha All-Along, avec une véritable exploration de son origin story qui la rapproche finalement grandement de Wanda.

Les deux héroïnes ont en commun de juste vouloir vivre avec leur famille – de passer du temps avec leur(s) fils. Et les deux déraillent fortement pour cela, finissant par commettre des crimes pour cela. C’est d’ailleurs cette exploration de la culpabilité et de la rédemption qui donne à la série une profondeur unique. La magie n’est pas juste là pour faire joli, elle est un miroir de la transformation intérieure : Agatha sacrifie des sorcières pour continuer de vivre par crainte de croiser son fils mort ; Wanda sacrifie les habitants de Westview pour continuer à vivre par crainte de perdre Vision et de devoir à nouveau faire des deuils.

De nombreux parallèles sont possible entre les deux séries. C’est hyper riche et c’est ce qui fait que j’ai tant aimé Agatha aussi : les motifs sont nombreux. Entre la figure de la sorcière, les parallèles entre personnages (l’évolution de Billy qui devient littéralement sa mère bien malgré lui), les échos dans la structure, la réflexion apportée sur chaque Jugement (les décors, les costumes !) et l’écriture hyper condensée dans la chanson qui accompagne toute la série… Il y a beaucoup à dire et je sais qu’un article ne suffira pas à faire le tour. D’ailleurs, tout ça est un peu brouillon et je vous balance mes idées les unes après les autres, mais c’est parce que j’ai aimé, écoutez.

Et après ?

Évidemment, l’annonce que la série ne sera qu’une mini-série laisse un peu amer. Avec autant de pistes ouvertes, il y aurait eu de quoi explorer davantage le passé et les dilemmes d’Agatha, de creuser cette Route mystérieuse maintenant qu’elle existe, de suivre Billy et Agatha dans la quête de Tommy, de connaître davantage Jen (finale girl inattendue) et chacun des personnages (Sharon et Alice sont vraiment parties trop tôt).

Ce format court, malgré ses qualités, laisse comme je m’en doutais un goût de trop peu. La série aurait vraiment gagné en qualité avec davantage d’épisodes. C’est énervant comme il y a quatre ans : pourquoi proposer une série d’une telle qualité si c’est pour la laisser si vite aux oubliettes ? Un mois et puis s’en va ? Je n’ai pas eu ma dose, je ne regarde pas des séries juste pour un mois, moi ! Déjà que j’ai l’impression de ne pas avoir fait le tour de toutes les pistes ouvertes par la série-mère (Darcy !), je me retrouve à rester vraiment sur ma faim là.

Il n’y aucune suite officiellement annoncée pour les personnages de la série. On sait qu’on les retrouvera, on sait qu’il y a un projet de série autour de White Vision, on sait bien qu’il y a une équipe de Young Avengers qui se dessine… mais qu’est-ce que c’est frustrant !

En définitive, Agatha All Along pourrait marquer un tournant dans la façon de représenter la sorcellerie à l’écran, mais il faudra voir si elle parvient à laisser un vrai héritage avec cette diffusion si courte. C’est symptomatique depuis WandaVision, les mini-séries s’enchaînent et ne parviennent pas forcément à marquer suffisamment sur le long terme. Quand je pense que je croyais que WandaVision allait casser les séries avec toutes ses réflexions et son méta… pour que finalement tout continue d’aller de mal en pis derrière !

Quitter la Route… ou y rester ?

Je me dois de trouver une conclusion à cet article, et ce n’est pas évident. En bref, Agatha All-Along fut une simple série fantastique qui rendait très bien hommage à la figure de la sorcière, revisitée pour une génération qui cherche à casser les stéréotypes. Alors, même sans saison 2, c’est une œuvre à savourer, à revisiter. Les trois derniers épisodes sont très clairs là-dessus : on est passé à côté de beaucoup de choses dans les premiers épisodes, de petits moments (quand Agatha essaie de donner les vraies paroles aux sorcières qui ne la croient pas !) aux grosses révélations qu’on aurait pu deviner…

Si seulement on regardait encore la télévision en faisant des théories. C’est une série où chaque recoin est une invitation à l’introspection, où chaque détour est un peu plus down the road et où je me rends compte que j’ai vraiment basculé dans le piège du « temps de cerveau disponible » avec les séries. Par crainte des théories de fans qui dévoilent tout, les séries ne nous donnent plus de quoi avoir les réponses en amont, alors on devient paresseux intellectuellement. Comme WandaVision, Agatha All Along n’était pas comme ça, mais l’aphasie est devenue bien réelle alors je ne m’en suis rendu compte que trop tard.

Espérons davantage de séries comme celle-ci désormais… et en attendant, je sais déjà que je vais la revoir. Down, down, down the road…

Pourquoi j’aime la saga Terrifier

Salut les sériephiles et joyeux Halloween !

Je sais, je sais, il n’est toujours pas question de séries aujourd’hui (promis, demain !), mais en vrai, quoi de mieux un 31 octobre que de se pencher sur l’univers totalement déjanté et sanglant de la saga Terrifier ? Si vous êtes passés à côté, c’est le moment idéal de la découvrir. Si vous la connaissez déjà… Avez-vous tout (re)vu ?

Au centre de cette trilogie horrifique, il y a bien sûr Art le Clown, personnage emblématique et terrifiant à souhait, avec un style visuel qui lui est propre et une omniprésence muette presque surnaturelle. Et que cherche ce clown ? Eh bien, à rire du malheur de ses victimes, qu’il provoque en les torturant jusqu’à la mort ; en se tapant toujours une bonne barre au passage… Sans jamais prononcer un seul mot, bien sûr.

Une trilogie, vraiment ?

Vous ne le saviez peut-être pas, et si c’est le cas vous êtes des veinards car vous allez avoir du contenu à découvrir un soir d’Halloween, mais avant de devenir le clown sadique qu’on adore détester dans les longs métrages, Art a fait ses premiers pas dans un court-métrage sorti en 2008, The 9th Circle. Un court ultra cheap, avec un budget minuscule, mais qui a eu le mérite de poser les bases de ce personnage silencieux et terrifiant.

Le succès est au rendez-vous, si bien qu’on le retrouve ensuite en 2013 dans All Hallows’ Eve, un film qui compile trois court-métrage, dont deux avec Art. Le titre du troisième court de ce film ? Terrifier, bien sûr. Pourtant, au moment de produire All Hallows’ Eve, Art manque à l’appel. Il faut dire qu’il est devenu l’incarnation de l’horreur brute et gratuite et que Damien Leone, son créateur, a eu d’autres projets pour lui. Moi, j’ai arrêté le visionnage des All Hallows’ Eve (il paraît qu’il y en a quatre désormais), peut-être à tort… Mais en même temps, j’avais commencé pour Art.

En effet, moi, j’ai eu le déplaisir de croiser la route d’Art pour la première fois dans le premier film Terrifier, qui date déjà de 2016. Ce n’est pourtant qu’en 2020 que je tombe dessus, parce qu’avec le confinement, je me suis enfin mis aux films et que l’air de rien, en trois mois, j’ai eu le temps d’épuiser tous les films d’horreur imaginables. Enfin, non, d’ailleurs, parce que je n’aime pas quand c’est gore et sanglant gratuitement, comme avec Saw. Rien ne me prédestinait à kiffer Terrifier, donc, et pourtant, le coup de cœur a été immédiat ; au point de me jeter ensuite sur les courts-métrages, puis d’attendre la sortie des deux films suivants.

Son truc ? Un sourire figé, un sadisme insupportable, et surtout, une capacité à torturer ses victimes avec un plaisir qui va au-delà du simple meurtre, le tout en étant suffisamment irréaliste pour qu’on bascule dans un humour noir très particulier. J’étais déjà coulrophobe, mais là : aucun dialogue, juste des expressions exagérées et une présence oppressante ? Difficile de rester indifférent face à ce clown flippant.

Du cheap au jouissif

Ce qui est particulièrement intéressant avec cette saga, c’est de voir comment le budget et les effets spéciaux ont évolué. On passe d’un premier film quasi fauché, qui sent la débrouille à plein nez, à une production de plus en plus travaillée visuellement. Il est clair que Terrifier n’a pas encore attiré les gros studios (trop frileux à l’idée de se mouiller dans de la vraie horreur, ils ont refusé de financer le troisième par exemple), mais voir que le maquillage et les effets spéciaux gagnent en qualité au fil des films, c’est franchement jouissif. On n’est pas là pour du numérique en carton ; ici, c’est du maquillage bien crade, des effets pratiques, et ça se voit.

Ça fait plaisir de retrouver cette touche old school qui rend les scènes encore plus percutantes, tout en nous assurant pour autant que c’est particulièrement irréaliste. Jamais personne ne survivrait aussi longtemps à de telles tortures. Cela dit, c’est précisément pour ça que ça fonctionne sur moi : le décalage est évident et ça devient excellent pour cela ; on sait que c’est faux, mais on a mal pour eux quand même. Et qu’il est oppressant, ce clown !

Toujours plus loin

Terrifier, c’est aussi une question de limites – et surtout de les repousser encore et encore. On est sur une saga qui, au départ, reste assez classique dans son approche, avec ce clown qui sévit d’abord à Halloween sur de pauvres victimes random avant de devenir de plus en plus un clown qui ne s’en prend qu’à Sienna – et à ses proches.

Chaque nouveau film ajoute un petit cran dans l’horreur et dans la mythologie du personnage, permettant de mieux le connaître. On accroche ou pas à l’aspect mystique, mais je trouve que ça rend la saga encore plus savoureuse, parce qu’il y a une histoire suivie qui donne encore plus envie d’en connaître plus. Le troisième volet, par exemple, fait beaucoup parler de lui parce qu’il flirte avec des sujets encore plus dérangeants en intégrant des enfants dans le mélange. Cela reste fait de manière hyper subtile quand Art tue des enfants, parce qu’on ne voit que l’avant et l’après. C’est déjà suffisant pour mettre mal à l’aise, de toute manière. On sent que Damien Leone prend plaisir à jouer avec ce que le public est capable de supporter, sans jamais tomber dans le piège du gore facile.

D’ailleurs, c’est à cause de ce piège que d’habitude, ce genre d’horreur, très brute, ce n’est pas vraiment mon truc. La saga Saw, pour reprendre cet exemple, je n’ai même pas fini le premier film, pour être honnête. Trop dégueulasse, trop vicieux, c’est gratuit et ça me dérange vraiment. Avec Terrifier, en revanche, on touche à autre chose. Art le Clown, avec son style muet et ses mimiques exagérées, transforme la violence en quelque chose de… comique. C’est un clown après tout, alors oui, il massacre des gens de manière atroce, mais il y a une dimension de surjeu qui frôle presque le ridicule et qui finit par rendre le tout… jouissif ?

Ce n’est pas pour rien que la saga a du succès. Ce clown qui surjoue chaque réaction ajoute une couche décalée qui fait toute la différence. C’est cette subtile dose d’humour noir qui fait que Terrifier se démarque des autres films de torture en ce qui me concerne. Et puis, il y a aussi…

La touche surnaturelle qui change tout

Le premier Terrifier nous laisse avec un clown tueur, simplement sadique et sans explication.  C’est brutal, presque gratuit (sans jamais l’être pour autant) dans son approche ; avec une audace visuelle et un refus des conventions bien établies.

C’était déjà bien fun comme expérience, mais avec Terrifier 2, l’histoire prend une tournure plus complexe, presque mystique. Ce deuxième volet ne se contente pas d’amplifier le gore ou la violence : il y a une ambition nouvelle, celle de construire une véritable mythologie autour d’Art et de Sienna, qui devient une figure aussi marquante qu’ambiguë. Enfin une héroïne pour tenir tête à Art ? On retrouve des échos presque mythiques, des symboles qui apportent une nouvelle dimension à la saga. Inévitablement, pour revenir, le personnage d’Art commence à prendre une dimension un peu surnaturelle.

Cette ambiguïté autour de sa nature ajoute un gros plus : on n’est plus face à un simple tueur, on est face à une sorte de créature mythique qui a sa propre logique. Et sa propre chanson, parce que tant qu’à faire, autant ajouter une mélodie entêtante à ces meurtres !

Terrifier 3

Avec le troisième film, Terrifier est passé d’une série B confidentielle, film de niche très peu connu, à un phénomène d’horreur qui attire une communauté de fans de plus en plus grande. Je suis bien content d’avoir découvert ça avant que ça ne buzze d’ailleurs, car je pense que ça m’aurait freiné : ce qui est mis en avant dans la promo (la brutalité, le gore) n’est pas l’aspect qui me plaît le plus dans la saga – l’aspect artistique, parfaitement.

En France, l’interdiction aux moins de 18 ans a fait couler énormément d’encre, lui assurant un buzz et une visibilité encore plus énorme. C’est tant mieux. L’interdiction moins 18 ? Je la comprends, mais pas franchement pour la scène d’introduction qui aurait fait vomir des gens à l’avant-première londonienne, ni non plus pour ce qui concerne les enfants (je crois que j’aurais poussé le sadisme du père Noël et des cadeaux encore plus loin et ça m’a presque déçu…). Possiblement, la scène de la douche mérite déjà d’être plus que moins de 16. Cela dit, pour moi, le plus insoutenable fut plutôt vers la fin du film. Les souris, très peu pour moi.

Jusqu’où la violence pourra-t-elle aller ? Chaque fois, Terrifier semble être au bout de ce qu’il peut oser faire, et pourtant, le film suivant repousse davantage la limite. On sait déjà qu’un quatrième volet est en préparation, censé conclure cette histoire entre Art le Clown et Sienna. Et franchement, difficile de ne pas être impatient. Si ce prochain film garde le même niveau d’ambition et de folie, on pourrait bien avoir une conclusion explosive. C’est rare que je le dise, mais j’espère que le film débutera par un flashback (sur le frère de Sienna) avant de conclure de manière épique. Qu’importe qu’Art survive ou non, que Sienna survive ou non ; j’espère juste que l’on aura le fin mot de l’histoire entamée.

Quant à Art le Clown, il est devenu une icône de l’horreur et je pense qu’il ne connaîtra jamais une fin définitive. Bref, si avec tout ça, vous n’avez pas envie de (re)découvrir la saga pour Halloween, je ne peux plus rien pour vous ! Joyeux Halloween et bons préparatifs de Noël…